Kabylie : Une fin d’année sous le signe de la répression

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Le militant kabyle Amayas Ziane
Le militant kabyle Amayas Ziane

BOUMERDES (TAMURT) – L’année 2023 se termine, en Kabylie, comme elle a commencé. Les condamnations iniques continuent de pleuvoir sur les militants kabyles, victimes d’une répression juridico-policière de la part du régime colonial algérien. Ce mercredi 27 décembre, les jeunes kabyles Amayas Ziane et Karim Sellami ont été condamnés à huit ans de prison ferme par le tribunal de Boumerdes sur la base de l’article 87 bis.

Décidément, le régime colonial algérien ne veut pas renoncer à son arsenal répressif dirigé contre le peuple kabyle, malgré les vives critiques que l’Algérie avait essuyé lors de son examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en novembre 2022. En effet, la justice algérienne continue à condamner les citoyens kabyles sur la base du controversé article 87 bis du code pénal algérien, qui traite de la question terroriste. La définition du terrorisme dans cet article est si large et si vague qu’elle laisse aux services de sécurité algériens une grande marge de manœuvre pour arrêter les défenseurs des droits de l’homme et les militants politiques. Dans cet article de loi figure le délit vaguement défini d’«atteinte à l’unité nationale ». Ainsi, les militants indépendantises kabyles, qui réclament par des moyens pacifiques le droit à l’autodétermination, lequel est un droit inscrit dans les chartes onusiennes, sont arbitrairement accusés de terrorisme.

Dans les recommandations de l’EPU de l’année dernière, en tenant compte des avis émis par divers experts et organes des Nations Unies au cours des dernières années, le conseil des droits de l’homme a demandé à l’Algérie d’apporter, à défaut de l’abroger, des modifications à cet article. Malheureusement, cet arsenal juridique est toujours d’actualité. La justice algérienne vient de condamner deux jeunes kabyles, Amayas Ziane et Karim Sellami, à huit ans de prison ferme sur la base de l’article 87 bis. Ces deux jeunes kabyles ont déjà été arrêtés par le passé, en juin 2020, pour avoir procédé à la levée du drapeau kabyle, à M’kira, à l’occasion de la journée de la Nation kabyle. Ils ont été à nouveau interpellés dans le cadre de la répression sans précédent enclenchée par la junte militaire contre la Kabylie depuis mai 2021. Le jeune Amayas Ziane a été arrêté par la gendarmerie algérienne le 15 novembre 2022, au niveau de la région Tizi Ghenif, relevant du département de Tizi Wezzu. Le motif ? Sur son profil Facebook, il a posté une photo de lui, le montrant enveloppé du drapeau kabyle. Les gendarmes algériens ont également opéré une perquisition à son domicile familial. Même les personnes âgées ne sont pas épargnées.

Da Muhand Taferka, de son vrai nom Barache Mohand Akli, ancien animateur de Berbère Télévision, a été placé le 15 novembre 2023 sous mandat de dépôt. Il est âgé de 75 ans et souffre de plusieurs maladies chroniques. Le 12 décembre dernier, il a été auditionné dans le fond devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed (Alger).

Aksil K.

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