Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou : Printemps 1980 revisité

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TIZI-OUZOU (Tamurt) – « Lute d’hier et leçons d’aujourd’hui », telle est le thème d’une conférence, animée jeudi dernier dans l’espace de la maison de la culture Mammeri de Tizi-Ouzou, par un quatuor non des moindres, puisqu’il s’agit du Dr Saïd Saâdi, le Dr Mouloud Lounaouci, le Dr Saïd Doumane et Arab Aknine, ingénieur de son état. Les quatre conférenciers, lesquels ont, au cours de ce rendez-vous initié par le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), conjugué le verbe de haute volée, ont des acteurs et animateurs du Printemps 1980. 
C’est le Dr Saïd Saâdi qui interviendra le premier pour expliquer d’abord comment lui et ses camarades de lutte, avec des moyens dérisoires ont réussi à casser l’ordre établi. Tout en précisant que « ce mouvement qui fut un vrai vecteur de rupture dans la vie algérienne s’avéré rapidement être aussi la potentialité démocratique nord-africaine la plus féconde », l’ex-Président du RCD nota qu’il y a lieu de savoir que la génération d’avril 1980 était confronté à un double problème : la censure de Boumediene qui avait interdit de parole tout acteur non aligné sur ses slogans ; du coup l’accès à la vérité historique était un vrai parcours du combattant, le terrorisme politique qui avait réduit la scène à un affrontement entre progressistes et réactionnaires ; ce qui revenait à dire que celui qui contestait le socialisme de Boumediene était considéré comme un « traître ».
« Enfin, poursuit le Dr Saïd Saâdi, il faut ajouter un 3èmedéfi d’ordre méthodologique qu’à eu à relever cette génération : c’est celui du combat pacifique, inconnu dans les traditions de luttes algériennes. Il faut savoir que jusque là, l’idée même était saugrenue et que jusqu’à avril 1980, celui qui voulait se faire entendre ou contester le pouvoir devait obligatoirement prendre les armes. » Comment alors une génération, coupée de tout ce qui avait construit la vie publique, a-t-elle pu porter un nouveau projet, trouver les moyens de se faire entendre et parvenir à faire partager ses revendications par la population ?
Le conférencier a souligné que la réponse « vient de ce que cette génération ne s’est pas posée comme concurrente d’une faction ou d’un clan, mais s’est investie dans l’action militante comme on affronte la vie : il fallait prendre le temps d’apprendre, vérifier les rares informations disponibles en vue de construire par l’échange et la réflexion un projet quitte à ce que ledit projet ne figue dans aucune chapelle ou dogme. » « Nous avancions sans préjugé ni tabou. Et je crois que cette indépendance d’esprit qui a permis la naissance d’une culture politique qui a su résister à la pression du pouvoir comme aux archaïsmes de nos milieux », a révélé encore le conférencier avant de conclure sur ce chapitre précis que « la mode du gauchisme ambiant, aussi dominante que l’est aujourd’hui l’islamisme, n’a pas pu désorienter le mouvement de fond qui animait les jeunes décidés à se faire leur propre opinion avant de tracer son propre chemin. » Est-ce seulement cela pouvait expliquer une telle réussite ? Assurément non ! le Dr Saïd Saâdi a mis l’accent le niveau intellectuel  assez élevé de la génération de 1980, sa sincérité, sa tolérance, sa solidarité et sa volonté d’aller chercher la bonne information où elle se trouve.  En ce qui relève justement de la tolérance et l’honnêteté intellectuelle, le Dr Saïd Saâdi en citera le modèle de Mouloud  Mammeri et Kateb Yacine. Le conférencier témoigne : « Nous savions que Kateb Yacine et Mouloud Mammeri étaient politiquement aux antipodes l’un de l’autre. Le premier était ce que personnellement j’appellerai un communiste libertaire malgré des proclamations staliniennes un peu bravache, le second, un humaniste libéral. Les deux hommes n’ont jamais débattu et à ma connaissance, ils ne sont jamais fréquentés. Il n’empêche ; nous voyions deux hommes talentueux, originaux et qui n’ont pas renoncé à leurs convictions face à un pouvoir qui avait soumis l’intelligentsia. Indépendamment de leurs orientations irréconciliables, nous respections le courage et l’intégrité intellectuels des deux écrivains. Cette diension éthique est, il me semble, l’une des grandes marques d’avril 1980. Nous ne cherchions ni tuteurs ni chapelles, mais nous appréciions des destins qui se sont accomplis en âme et conscience. Avec l’aide de Ben Mohamed et d’Arezki Si Mohamed, étudiant en sciences politiques, j’ai traduit de l’arabe au kabyle la pièce de Kateb Yacine « Mohamed prends ta valise » et j’ai utilisé la machine à écrire de Mouloud Mammeri qui était la seule à avoir des caractères amazighs. Chacun des deux savait que nous fréquentions son adversaire mais n’a choqué personne. Pour dire les choses simplement, nous respections l’un et l’autre, mais nous avions réussi, nous aussi, à nous faire respecter. (…) »
Le Dr Saïd Saâdi se montrera très prolixe dans son intervention ; intervention dans laquelle presque tout sera dit et expliqué. Pourtant, le Dr Saïd Doumane apportera lui aussi de l’eau au moulin. Il parlera de des brebis galeuses. Sans aller à citer un quelconque noms des animateurs et acteurs d’avril 1980 qui ont fin par être corrompu par le régime, l’intervenant dira que « même si le nombre de ces corrompus était extrêmement restreint, il n’en demeure pas moins que les dégâts causés étaient considérables sur le plan psychologique ». « L’opinion publique a durant un moment mis tout le monde dans le sac » a souligné le Dr Saïd Douamane pour ajouter : « Il a fallu du temps pour que la vérité soit connue de tous. » A l’instar du Dr Saïd Saâdi, le Dr Saïd Doumane a mis en avant le génie des animateurs de 1980, facteur responsable de la grande dimension du Printemps 1980. 
Arab Aknine, étudiant à l’époque à l’université Mouloud Mammeri, lieu, devons-nous, rappeler où tout fut parti et conçu, abondera dans le même sens. Le Dr Mouloud Lounaouci apportera également un éclairage très important sur certains faits événementiels de ce Printemps 1980, notamment en ce qui concerne les arrestations et le célèbre face à face entre les personnes arrêtées et le procureur général chargés de retenir les chefs d’inculpation. Idem concernant le face à face entre la délégation estudiantine et le ministre de l’enseignement supérieur de l’époque, Abdelhak Brirhi. Saïd Saâdi le rappellera aussi. « Vous n’arrivez même pas à accorder vos violons pour parler d’une même voix », avait dit Abdelhak Brirhi à ses interlocuteurs avec mépris. « Monsieur le ministre, cela s’appelle la démocratie ! », lui avait répondu un participant à cette rencontre. L’auteur de cette réponse avait pourtant « ferraillé » la veille avec d’autres étudiants en assemblée générale.
Le second volet de la conférence fut consacré à tamazight et la sclérose  qui frappe aujourd’hui la société et le milieu universitaire.  En ce qui du premier point, les quatre conférenciers diront  que son officialisation par les textes constitutionnels qu’on lui connaît n’est en réalité qu’un leurre.
Toutefois, c’est le Dr Mouloud Lounaouci, dont les travaux de recherches en linguistique, amazighe notamment, font aujourd’hui références, a démontré scientifiquement que tamazight ne peut pas s’épanouir dans les conditions préconisées par le pouvoir. Ce conférencier ira même jusqu’à prouver que l’objectif réel du pouvoir  est de maintenir tamazight dans un statut d’indigence.  Ce sera aussi une occasion pour lui de signaler l’inefficacité et l’incompétence du HCA dans le développement de tamazight. Le Dr Mouloud Louanouci plaidera, à l’instar de ses trois co-conférenciers d’ailleurs, à la révision des textes de la constitution consacrés à l’officialisation de tamazight. Il informera également l’assistance, très nombreuse et attentionnée que la lutte est loin d’être terminée. « C’est même un début d’une longue lutte pour nous tous », a-t- assuré. Concernant la sclérose qui frappe la société et l’université,
Le Dr Saïd Sadi l’imputera en premier lieu à l’arabisation « qui a créé une véritable prison intellectuelle qui coupe le jeune de l’accès à la lecture critique. » Le Dr Mouloud Lounaouci dira même que la langue française est la deuxième langue des Algériens dès lors que « c’est avec langue que les institutions et les entreprises fonctionnent ». t encore une fois, les quatre conférenciers ont, comme un seul homme, défendu le principe d’aller vers le renforcement de l’enseignement de la langue française. Enfin, ils ont plaidé à ce que l’individu se montre moins carriériste et accorde plus d’intérêt à des valeurs morales. « Ces espaces sains et intelligents existent déjà. Ils sont dans nos villages », a clamé le Dr Saïd Saâdi. Notons enfin que le RCD, par la voix d’El Hachemi Touzène, modérateur de cette conférencière, a lancé un appel à une marche populaire le 20 avril à Tizi-Ouzou pour exiger « une officialisation réelle et effective de tamazight. »
De notre bureau, Saïd Tissegouine

4 Commentaires

  1. je regrette beaucoup que le rcd appelle encore une fois à une marche pour le 20 avril pour quémander au pouvoir algerien une nouvelle officialisation de Tamazight alors qu’il sait bien que personne ne l’ecoutera. Que des pertes de temps et d’energie en attendant la poursuite de l’arabisation- islamisation jusqu’à l’assimilation totale du dernier kabyle . Seul le MAK est dans la bonne direction. Alors de grace, tous unis derriere le MAK pour notre kabylie .

  2. la langue française, c est bien, mais il y’a mieux, l’anglais, qui est la langue universelle , elle doit etre la langue premiere avec le berbere et l’arabe comme option .
    l’anglais rapproche plus les peuples, car ellle la plus repandue dans le monde, et l’espagnole est entrain de majorer le français grace au nombre de ses licuteurs qui est tres important dans le continent americain .

  3. on a déjà entendu tout ça depuis 1980 le mème discours, pour moi VIVE LE MAK QUI A CHANGE LE STATUT POLITIQUE Kabyle prôné par les acteurs de 1980. DDA FERHAT a oser sortir avec le vrai combat. tafat tidet iseY.

  4. Ce quatuor politiquement sont forts et sure d´eux, parceque l´histoire du théme et le lieux de conférence n´a pas aller au delá du pays kabyle, quand ils nous parle de démocratisé l´algerie cea me semble comme la plus part d´obvesrvateur peu illusionné, la tache est thétanesque voir impossible dans une mosaique de peuple heterogène avec des interets diffrent habitué de longues années aux structures etabalie aprés 1962, Bomadienne fut le président de 65-79, architecte incontournable de l´radp, dans sa vrais vie est un nomade. Ces 4 politiques en l´occurence du Dr Saïd Saâdi, le Dr Mouloud Lounaouci, le Dr Saïd Doumane et Arab Aknine doivent s´ouvrir davantage et sans tabout au MAK lui donnant un coup de main dans ses efforts structuré le pays kabyle en Ètat, que la plus part des gens juge comme solution à l´instabilité qui menace leur pays, aprés si cette mutation hsitorique s´acheve en réusite (bien fonctionné) pas tourné au vinaiguere comme le cas de l´radp, lá on peut espré que les autres peules d´algerie vont s´enthousiasmé de l´experience kabyle, leur donnant envie de le suivre comme exemple, sans etre obligé de les déshabitués avec la réve fous du Dr.Saadi, la democratie immediate pour l´RADP qui a plus de 60 ans depuis sa mise en place, c´est bcp M. le Dr.pour changer tout cea!

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