Répression algérienne : Les deux Kabylie, selon la militante Mira Moknache

0
3281
Mira Moknache
Mira Moknache

VGAYET (TAMURT) – Pour la militante kabyle Mira Moknache, il y a deux Kabylie qui se distinguent face à la répression du régime algérien. La première « souffre et lutte ». La deuxième « chante et danse ».

Victime d’un harcèlement judiciaire sans précédent, Mira Moknache, qui se définit comme une militante kabyliste, vient de lancer un coup de gueule face à l’indifférence d’une partie de kabyles, qui feignent ignorer la souffrance et l’injustice que subissent leurs compatriotes. « Il y a deux Kabylie, aujourd’hui. Celle qui lutte pour des droits, pour la dignité, qui est en prison, qui est incendiée chaque année, sans qu’aucune mesure ne soit prise pour protéger les citoyens, la faune et la flore. Il y a l’autre Kabylie artificielle, utilisée pour renvoyer une image d’une Kabylie qui danse tous les jours à l’opinion internationale et des institutions des droits de l’homme », a écrit cette enseignante universitaire.

En résumé, selon cette militante politique, la première Kabylie, l’authentique, « souffre et lutte », alors que la Kabylie « artificielle », souligne-t-elle, « danse tous les jours ». Une allusion aux nombreux galas organisés par des chanteurs kabyles, en Kabylie et en Algérie, en ce mois de Ramadan, mais aussi durant la saison estivale et d’autres fêtes, alors que des dizaines de kabyles croupissent injustement dans les geôles algériennes. « Yennayer est autorisé pour danser ! Le « 20 Avril » est interdit !!! » a déploré Mira Moknache, native d’El Kseur, dans le département de Vgayet. Elle rappelle à juste titre qu’elle a été dernièrement condamnée à 06 mois de prison ferme pour avoir manifesté, le 20 avril 2023, afin de commémorer cette date historique et chère au peuple kabyle. « J’ai marché seule à travers toute la Kabylie. J’ai réussi à me tenir debout sur 200 mètres. J’ai porté haut mes dires à travers une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ! » s’est-elle rappelée.

Pour cette ancienne militante du MAK, une partie des kabyles semblent faire le jeu du régime algérien qui veut renvoyer à l’opinion internationale une image d’une Kabylie plutôt joyeuse, alors que la réalité est marquée par une répression sans précédent orchestrée par les services secrets algériens contre le peuple kabyle. « Jamais la Kabylie n’a dansé autant, avec la fin du hirak, l’accusation terroriste des kabylistes et le début des incendies. Une image préfabriquée de la Kabylie qu’on lance à travers les médias et les réseaux sociaux… Chuuut, on emprisonne et on torture des militants politiques, les gens meurent dans les incendies, on réprime en silence !!! Dansez, chantez, …. Ne parlez surtout pas des droits !!! » a expliqué cette jeune femme qui n’a pas peur de dénoncer les parodies de procès intentés aux militants politiques kabyles. Elle-même est accusée de terrorisme dans l’un de ces nombreux procès.

Arezki Massi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici