KABYLIE (Tamurt) – La vingt-troisième édition du salon international du livre d’Alger, qui prendra fin demain soir, a été marquée cette année par le sabotage qui a frappé de nombreuses maisons d’éditions kabyles parce qu’elles proposent souvent des livres qui ne sont pas appréciés par les censeurs de l’événement culturel le plus important en Algérie.
Ce n’est sans doute pas un hasard si le nombre d’éditeurs issus des wilayas de Bgayet et Tizi Ouzou a connu une baisse cette année par rapport aux années passées aux SILA d’Alger. En effet, ils ont été nombreux, ces éditeurs de Kabylie soit à boycotter ce SILA ou bien à être poussés à la porte par les organisateurs qui ne cessent de leur dresser des embûches. Il est évident qu’une grande partie des livres proposés par les maisons d’édition de Kabylie ne plaisent pas aux détenteurs du pouvoir au sein du SILA. A commencer par le catalogue, jugé subversif de la maison d’édition « Tafat » que dirige le grand écrivain Tarik Djerroud à Bgayet.
En effet, depuis qu’il a commencé à participer au SILA, Tarik Djerroud n’a pas cessé de buter sur des obstacles de toutes sortes. Le principal : on place toujours son stand dans des « endroits » très discrets et complètement plongés entre une infinité d’éditeurs du Moyen Orient. Un moyen efficace pour ne pas permettre aux lecteurs assidus du genre de livres édités par les éditions « Tafat » de découvrir le stand de ce dernier. A la dernière minute, en découvrant dans quel désert son stand a été isolé, Tarik Djerroud prend courageusement la décision de boycotter le salon à la veille de son lancement. « Tafat »-éditions, pour rappel, publie de nombreux livres qui dérangent à l’instar du tout récent de Mahiout Merheb, intitulé « Pouvoir assassin » ainsi que des livres aux titres provocateurs dont ceux d’Amine Zaoui concernant la religion musulmane.
En outre, on peut citer les autres éditeurs de Kabylie ayant été poussés à la porte de sortie de ce Sila pour presque les mêmes raisons à l’instar des éditions « Tira » de Bgayet et « Identité » de Tizi Ouzou, spécialisées, tous les deux, dans le livre écrit en tamazight mais aussi la maison d’édition « L’odyssée » de Tizi Ouzou, dont le catalogue comprend de nombreux livres en tamazight dont ceux de Boualem Rabia. Les éditions « Afriwen » de l’écrivain Rachid Oulebsir ou encore « Achab » de Ramdane Achab n’ont pas, non plus, participé à ce SILA.
Tarik Haddouche