Décès de l’ancien agent des services secrets algérien, Kamal Belkacem

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Kamel Belkacem
Kamel Belkacem

ALGÉRIE (Tamurt) – Dans cet article, Kamal Belkacem pourfendait le célèbre écrivain en faisant croire à l’opinion que Mammeri ne s’était pas impliqué dans la Guerre de libération.

Le Mouvement berbère de 1980 était considéré par ce pseudo journaliste comme un mouvement antirévolutionnaire et antinational. Pour l’Agent de la SM et patron de l’hebdomadaire Algérie Actualité, la revendication des étudiants de Tizi-Ouzou, reprise à bras le corps par la population de la région est venue contrecarrer la « marche de la Révolution » que tout le monde savait pourtant contraire à la plate-forme de la Soummam et à l’intérêt des populations algériennes terrorisées par les officiers de l’armée française à la tête du FLN, de la police et de l’armée.

L’inculture des tenants du régime et de leurs suppôts les plus vils était alors à son paroxysme. L’allégeance aveugle de pantins scribouillards de l’engeance de Kamal Belkacem empoisonnait l’opinion avec des propos aussi invraisemblables qu’irresponsables (sic):

Les donneurs de leçons

Des étudiants du Centre Universitaire de Tizi-Ouzou ont exprimé leur mécontentement il y a quelques jours à la suite d’une conférence annulée d’un homme qui, pour prétendre être le chantier d’une culture berbère, n’a rien fait de tel comme contribution a son pays que rédiger un travail de « création intellectuelle sur la culture aztèque… » (1) avant d’accorder une interview à un quotidien Parisien où il confond inquisition chrétienne, monarchie marocaine et l’Islam et la Révolution algérienne.

On peut facilement comprendre pourquoi notre jeune génération a tout à gagner en se défiant de tels intellectuels (2). Les vérités d’un Kateb Yacine ou a un Malek Haddad, même si elles ne font pas l’unanimité, sont les actes de foi patriotiques, un désir profond de communier.

L’incident que certains milieux ont tenté de récupérer n’a, il faut dire, aucune commune mesure avec la tournure qu’il a prise.
Les valeurs arabo-islamiques fondamentales de notre société et, principalement l’Islam qui a trouvé le meilleur accueil en Kabylie, n’ont jamais été édifiées sur l’intolérance et le repli sur soi-même. La Nation algérienne a trouvé son unité dans sa diversité et si, à un moment donné, nous avions jugé avec une grande sévérité les passions non retenues de jeunes, enthousiastes certes, au nom de l’arabisation, il convient par ailleurs, en pareil cas de dire à ceux qui se réfugient derrière d’autres slogans, d’observer la plus grande vigilance à l’égard de ces slogans.

Au moment où la Direction politique, à l’écoute des masses prend en charge tous les problèmes des citoyens, afin de les résoudre de manière globale et juste, notre peuple n’a que faire des donneurs de leçons et particulièrement de gens qui n’ont rien donné ni à leur peuple ni à la révolution , à des moments ou la contribution de chaque algérien à la cause nationale était symbole de sacrifice et d’ amour de la patrie. La langue arabe – revendication de notre peuple – est notre langue nationale et il est tant qu’elle reprenne la place qui lui revient dans tous les secteurs d’activités du pays.

Nous ne pouvons en effet continuer à lier le destin des générations futures et notre indépendance à une langue étrangère qui fût la langue de nos oppresseurs, de notre dépersonnalisation.

L’arabisation, contrairement à ce qu’en pensent certains passéiste bornés et « Mac Cartyses » de la culture se traduira dans notre vie de tous les jours de façon réfléchie et révolutionnaire et avec l’adhésion de l’ensemble des Algériens. L’expérience nous a appris que toute tentative d’imposer quelque chose à notre peuple est vaine et relève d l’irresponsabilité.

La culture algérienne sortie, de ses ghettos, de ses inhibitions et de ses interdits – dus le plus souvent à quelques bureaucrates trop zélés qu’à autre chose- doit renaître grâce à l’apport des Algériens qui n’ont pas été engendrés quoiqu’en disent certains dans le berceau de la Rome antique ni dans ce du royaume du Macherek. Elle est l’expression d’une civilisation arabo-islamique qui s’est tondue harmonieusement dans les traditions et spécificités des peuples d’Afrique du Nord. Les plus grands acquis de notre peuple ne se sont pas réalisés à coups de slogans , ni contre volonté des masses populaires.

K. B.

(1) Les « Aztèques » ce glorieux peuple anéanti par les Conquistadores, a fait aussi l’objet d’études célèbres de la part d’un certain Jacques Soustelle de triste mémoire. Curieux choix de ce thème.

(2) S’agissant de la participation à la guerre de libération est-il nécessaire de rappeler son refus de souscrire à un manifeste en faveur du FLN en 1956 et on dédain pour les moudjahidine de 1954, qualifiés par lui dans les colonnes de « l’Echo d’Alger » de chacals des Aurès ».

Relire de tels propos, une vie d’homme plus tard (30 ans), conforte les Kabyles dans la justesse de la trajectoire sur laquelle ils ont décidé d’orienter l’histoire de leur peuple.

Kamal Belkacem a continué à servir ses maîtres des services secrets puisqu’on le retrouve des années plus tard, au début des années 1990, avant la tenue des élections municipales, comme intermédiaire dans l’acheminement à partir de Londres de l’appareil Laser ayant servi à l’ex FIS à galvaniser ses militants en écrivant le nom d’Allah dans le ciel.

Aujourd’hui, Mouloud Mammeri, toujours vivant dans le cœur des Kabyles, n’a non seulement rien perdu de son aura, mais il est le symbole de l’éveil de tout un peuple à son identité et son droit d’exister et de prospérer, comme tout autre peuple sur cette planète.

Hier comme aujourd’hui, Dda l’Mulud a droit à cette particule de déférence dont on honore les aînés et qui fait dire Dda (Contraction de dada, grand frère) à chaque kabyle qui prononce son nom.

Quant à Kamal Belkacem, il est mort comme il a vécu… Un simple et misérable accessoire du régime.

Ci-dessous, la magistrale volée de bois vert de Mouloud Mammeri à l’adresse de Kamal Belkacem :

* * *

A propos des « DONNEURS DE LEÇONS»

Dans la page culturelle du N° 4579 de votre journal, en date du 20 mars 1980, vous avez fait paraître un article me mettant directement en cause, sous le titre Les donneurs de leçons. Le texte contenant un certain nombre de contre vérités, je vous prierai de faire paraître ce rectificatif dans la même page de votre prochain numéro1.

Sur les allégations me concernant personnellement je fais l’hypothèse charitable que votre bonne foi a été surprise et que ce qui ailleurs s’appellerait mensonge et diffamation (et serait à ce titre passible des tribunaux) n’a été chez vous qu’erreur d’information. Il va de soi que je n’ai jamais écrit dans l’ « Echo d’Alger » l’article mentionné dans votre texte. Il va sans dire que je n’ai jamais eu à refuser de signer le mystérieux manifeste de 1956 que vous évoquez en termes sibyllins.

Je serais heureux néanmoins que cet incident soit pour vous l’occasion de prendre une dernière leçon sur la façon même dont vous concevez votre métier. Le journalisme est un métier noble mais difficile. La première fonction et à vrai dire le premier devoir d’un journal d’information comme le vôtre est naturellement d’informer. Objectivement s’il se peut, en tout cas en toute conscience. Votre premier devoir était donc, quand vous avez appris ces événements (et non pas dix jours plus tard) d’envoyer un de vos collaborateurs se renseigner sur place sur ce qui s’est passé exactement afin de le relater ensuite dans vos colonnes.

Vous avez ainsi oublié de rapporter à vos lecteurs l’objet du mécontentement des étudiants. Cela les aurait pourtant beaucoup intéressés. Cela leur aurait permis en même temps de se faire une opinion personnelle. Ils n’ont eu hélas droit qu’à la vôtre. Vous auriez pu pourtant leur apprendre qu’il est des Algériens pour penser qu’on ne peut pas parler de la poésie kabyle ancienne à des universitaires algériens.

Nous sommes cependant quelques uns à penser que la poésie kabyle est tout simplement une poésie algérienne, dont les Kabyles n’ont pas la propriété exclusive, qu’elle appartient au contraire à tous les Algériens, tout comme la poésie d’autres poètes algériens anciens comme Ben Mseyyeb, Ben Triki, Ben Sahla, Lakhdar Ben Khlouf, fait partie de notre commun patrimoine.

En second lieu un journaliste digne (et il en est beaucoup, je vous assure) considère que l’honnêteté intellectuelle, cela existe, et que c’est un des beaux attributs de la fonction – même et surtout quand on écrit sur un organe national : là moins qu’ailleurs on ne peut se permettre de batifoler avec la vérité.

Je parle de la vérité des faits, car pour celle des idées il faut une dose solide d’outrecuidance pour prétendre qu’on la détient. Mais visiblement pareil scrupule ne vous étouffe pas. Avec une superbe assurance et dans une confusion extrême, vous légiférez, mieux : vous donnez des leçons. Vous dites la volonté, que vous-même appelez unanime, du peuple algérien, comme si ce peuple vous avait par délégation expresse communiqué ses pensées profondes et chargé de les exprimer. Entreprise risquée ou prétention candide ? Quelques affirmations aussi péremptoires dans la forme qu’approximatives dans le fond peuvent être l’expression de vos idées (si l’on peut dire) personnelles. Pourquoi en accabler le peuple ?

Il n’est naturellement pas possible de traiter en quelques lignes de masse des problèmes auxquels vous avez, vous, la chance d’avoir déjà trouvé les solutions. Je vais donc tenter de ramener à quelque cohérence la confusion des points que vous évoquez.

Vous me faites le chantre de la culture berbère et c’est vrai. Cette culture est la mienne, elle est aussi la vôtre. Elle est une des composantes de la culture algérienne, elle contribue à l’enrichir, à la diversifier, et à ce titre je tiens (comme vous devriez le faire avec moi) non seulement à la maintenir mais à la développer.

Mais, si du moins j’ai bien compris votre propos, vous considérez comme incompatibles le fait de vouloir le développement de cette culture avec ce qu’en vrac et au hasard de votre plume vous appelez : les valeurs arabo-islamiques, l’indépendance culturelle etc …

Vous êtes naturellement libre d’avoir une pareille opinion. Ce n’est pas la mienne. Je considère personnellement qu’au fonds de culture berbère, qui nous est commun à tous, l’Islam et les valeurs islamiques sont venus apporter un élément essentiel à la définition de notre identité. Je considère que l’Islam des premiers siècles a été un instrument de libération et d’émancipation de l’homme maghrébin. Je pense que par la suite il a été le ciment idéologique de la résistance nationale aux menées espagnoles et portugaises sur nos côtes. Naturellement entre les différents visages qu’il peut prendre dans la réalité j’opte quant à moi pour les le plus humain, celui qui est le plus progressiste, le plus libérateur et non pour le visage différent qu’il a pu présenter aux heures sombres de notre histoire.

La contradiction visiblement ne vous gêne pas. La « nation algérienne, écrivez-vous, a trouvé son unité dans sa diversité ». Voilà un sain principe, mais comment le conciliez-vous avec l’article que vous venez de commettre ? Cette diversité que vous êtes fier d’affirmer dans les mots, cela ne vous gêne-t-il pas de la refuser aussitôt dans les faits ? Si je comprends bien, vous voulez vous donner en même temps le beau rôle d’un libéralisme de principe avec les avantages de la tyrannie idéologique, en un mot être en même temps progressiste dans les termes et totalitaire dans les faits. Ne vous y trompez pas : ce genre d’agissement n’a pas la vie longue. On peut tromper tout le monde quelque temps, on peut tromper tout le temps quelques hommes, on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. C’est un autre que moi qui l’a dit au neuvième siècle et l’adage depuis a toujours été vérifié.

Le véritable problème est donc premièrement dans la conception étrange que vous avez de votre métier. Que vous soyez totalitaire c’est votre droit, mais vous concevrez aisément que d’autres Algériens préfèrent à la pratique des slogans contradictoires celle de l’analyse honnête. Le véritable problème est deuxièmement dans la vision que vous voulez imposer de la culture algérienne, évoluant entre l’oukase et la déclaration de bonne intention toujours démentie dans les faits.

L’unité algérienne est une donnée de fait. Elle se définit, comme incidemment vous l’avez écrit, dans la diversité, et non point dans l’unicité. A cette unicité dans la diversité correspond une culture vivante. La culture algérienne est, dites-vous, « sortie de ses ghettos, de ses inhibitions et de ses interdits ». Votre article est la preuve éclatante qu’hélas elle y est enfoncée jusqu’au cou.

Mais soyez tranquille : elle en a vu d’autres, la culture algérienne, et une fois de plus elle s’en sortira. Elle s’en sortira car « Toute tentative d’imposer quelque chose à notre peuple est vaine et relève de l’irresponsabilité ». C’est votre propre prose. Dommage que vous n’y croyiez pas !

Dda l’Mulud

6 Commentaires

  1. Permettez d’intervenir à cet article.

    Premièrement, au sujet de Dda Lmouloud, je voudrais vous citer un extrait de l’hommage que j’ai publié dans Abc Amazigh : une expérience éditoriale en Algérie (1996-2001), volume 2, page 219 :

    « -Tu sais d’où je sors ? M’interpella Dda Lmouloud Mammeri, un jour, le croisant à la sortie de la Faculté d’Alger. A ma réponse négative, il m’apprit :
    – Je sors de chez le Recteur. Il m’a fait part de la proposition du Ministre pour que j’aille les représenter à la rencontre internationale sur la francophonie…
    -Et ?…
    – Je l’ai remercié en lui montrant mon billet d’avion, pour lui prouver que je suis déjà invité par l’organisme international même…
    Voilà donc le côté incorruptible de Mouloud Mammeri.
    Lui qui vit publier l’un de ses rares communiqués par le quotidien national El-Moudjahid, organe du pouvoir, dans la rubrique “nécrologie” entre deux avis de décès en 1972. Une injure grave faite à celui qui rédigea un rapport, à l’adresse de l’ONU, en faveur de la décolonisation de l’Algérie, durant la guerre de libération.
    Lui qui s’est vu fermer son petit cours, par ailleurs informel, à la limite de la clandestinité, de langue berbère, dans cette même Faculté.
    Lui qui s’est vu refuser de donner une conférence sur la poésie kabyle ancienne dans son propre pays, le 10 mars 1980 !…. »

    Voici, enfin, un extrait d’un article qu’un journaliste a eu le courage d’écrire, et que cet l’hebdomadaire Algérie-Actualité, a publié dans son numéro 1120, paru le 8 avril 1987 :
    « …L’algérien était ankylosé puis momifié dans des textes qui lui interdisaient même jusqu’au moindre murmure. La toute puissance étatique et l’appareil politique réfléchissaient pour lui, veillaient sur lui et géraient même jusqu’à son intimité. Pour un tour de chant, une animation de quartier, un robinet à réparer… »

    Smaïl Medjeber (defiberbere@hotmail.fr)

  2. Azul !,i Mas Smail Medjber ,bonne santé et longue vie ! . Qu’ils reposent tous en paix ,Da Lmouloud ,Da A3rav et tous les autres !. On a tous en mémoire,les péripéties de ce journaliste zélé !. Mais heureusement que la mort ne laisse personne de coté .

  3. Permettez-moi d’intervenir à cet article.

    Premièrement, au sujet de Dda Lmouloud, je voudrais vous citer un extrait de l’hommage que j’ai publié dans Abc Amazigh : une expérience éditoriale en Algérie (1996-2001), volume 2, page 219 :
    « -Tu sais d’où je sors ? M’interpella Dda Lmouloud Mammeri, un jour, le croisant à la sortie de la Faculté d’Alger. A ma réponse négative, il m’apprit :
    Je sors de chez le Recteur. Il m’a fait part de la proposition du Ministre pour que j’aille les représenter à la rencontre internationale sur la francophonie…
    Et ?…
    Je l’ai remercié en lui montrant mon billet d’avion, pour lui prouver que je suis déjà invité par l’organisme international même… Voilà donc le côté incorruptible de Mouloud Mammeri. Lui qui vit publier l’un de ses rares communiqués par le quotidien national El-Moudjahid, organe du pouvoir, dans la rubrique “nécrologie” entre deux avis de décès en 1972. {{Une injure grave faite à celui qui rédigea un rapport, à l’adresse de l’ONU, en faveur de la décolonisation de l’Algérie, durant la guerre de libération.}} Lui qui s’est vu fermer son petit cours, par ailleurs informel, à la limite de la clandestinité, de langue berbère, dans cette même Faculté. Lui qui s’est vu refuser de donner une conférence sur la poésie kabyle ancienne dans son propre pays, le 10 mars 1980 !…. »

    Voici, enfin, un extrait d’un article qu’un journaliste a eu le courage d’écrire, et que cet hebdomadaire Algérie-Actualité, a publié dans son numéro 1120, paru le 8 avril 1987 : « …L’algérien était ankylosé puis momifié dans des textes qui lui interdisaient même jusqu’au moindre murmure. La toute puissance étatique et l’appareil politique réfléchissaient pour lui, veillaient sur lui et géraient même jusqu’à son intimité. Pour un tour de chant, une animation de quartier, un robinet à réparer… »

    Smaïl Medjeber (defiberbere@hotmail.fr)

  4. DDAK LMULD !! C UN NOM SA!!? BACH TCHOUF BLI GA3 IHOUD YA WJOH EZEB!! KBYEL TA3 ZEBI!! HADA TU PARLE DE LUI COMME ETANT UN HERO?? C MOINS QU’UN ZERO!! D’ABORDS C UN HARKI..ENSUITE C UN LACHE!!! ET COMME TU DIS SI BIEN…KAMEL AGENT SECRET!! REGARDE DERIERE TOI SALLE PUTE!! WELLAH TES MOTS TU LES RAVALERA HARF BHARF YAL KHIBA KBAYLIYA!!!

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