Tizi Ouzou : Le précurseur de l’enseignement du kabyle, Boulifa, revisité

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TIZI-OUZOU (Tamurt) – « Les mérites de Amar Ou Said Boulifa dans l’enseignement de tamazight », est le titre d’un colloque qui se tient actuellement à maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou et à la bibliothèque de lecture publique de la même ville.  

Cet événement culturel, qui rend hommage à un ainé, est organisé par le comité des activités culturelles et artistiques de Tizi-Ouzou, l’association des enseignants de tamazight, l’association culturelle Issegh de Souamaa ainsi que la direction de la culture.  En parallèle aux conférences, le hall des expositions de la bibliothèque abrite une exposition sur la vie et l’œuvre de Boulifa.

Au programme des animations, les organisateurs ont fait appel aux membres de l’association culturelle Said Boulif de Adeni pour qu’ils fassent  un récital poétique et des lectures des textes de Said Boulifa. Le programme comprend aussi un cours académique en direction des lycéens autour de « La méthodologie pédagogique et académique de Saïd Boulifa dans l’enseignement de la langue amazighe », présenté par Hanet Razika et Haroun Abdelkader de l’association des enseignants de tamazight de Tizi-Ouzou.

Les visiteurs ont eu droit en outre à une projection d’un film documentaire sur la vie et l’œuvre de Si Amar Ou Saïd Boulifa. Par ailleurs, la salle du petit théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri a abrité une table ronde sous le thème : « Les mérites de Boulifa dans l’enseignement de tamazight ». La rencontre a été animée par les universitaires Mohand Ouamar Oussalem, Saïd Chemakh et Hamid Bilek. Ce dernier est archéologue et ancien cadre au HCA.

Lors de sa prise de parole, Nabila Goumeziane, directrice de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou a rappelé que les mérites de Si Amar Ou Saïd Boulifa reviennent au fait d’avoir sauvé de la déperdition évidente une partie de notre patrimoine culturel populaire oral, à l’exemple des textes littéraires de grande valeur et des poèmes Si Mohand qu’il a eu la chance de rencontrer : « Au même temps, il a entamé des recherches et des investigations dans les domaines de l’archéologie et de l’anthropologie qui étaient exclusivement  réservés à une certaine élite occidentale ».

La responsable a aussi indiqué que Boulifa est l’un des intellectuels algérien ayant posé un regard interne sur la culture amazighe. Par ailleurs, il a élaboré des méthodes d’enseignement de la langue amazighe et ce qui est sauvegardé de ses œuvres est toujours d’actualité pour les linguistes et les pédagogues. Boulifa créait lui-même ses propres supports didactiques et avait une méthode d’enseignement bien distincte. « En appendice à ses travaux linguistiques, il a fait paraître plusieurs contes recueillis et un grand nombre de récits dans la langue amazighe, ce qui fait de lui le premier initiateur contemporain en tamazight écrit. A travers les différentes journées d’étude que nous lui consacrons, il y a une volonté qui nous anime pour faire connaitre les contributions et les efforts oh combien méritoires de ce chercheur pluridisciplinaire envers les nouvelles générations ».

Nabila Goumeziane a invité à cette occasion l’ensemble des chercheurs, universitaires et érudits du domaine linguistiques amazigh à puiser dans l’œuvre de Boulifa afin de lui donner toute sa dimension scientifique. « En organisant ces cours pédagogiques sur sa  méthodologie d’enseignement de tamazight nous voulons montrer l’apport et l’ingéniosité des différentes générations ayant innové, œuvré et rayonné notre espace culturel, à l’exemple de Si Amar Ou Said Boulifa », a conclu l’oratrice.

Tahar Khellaf

4 Commentaires

  1. Il est intéressant de comparer l’écriture de Boulifa, authentique reflet de la langue, à cette actuelle déformée par les Pères Blancs et adoptée, hélas, par l’école…Boulifa n’écrit jamais « yeçça » ou « yeswa », mais « içça » ou « iswa ».
    Boulifa n’utilise pas des tirets en quantité sur chaque ligne comme on fait actuellement, etc.

  2. C’est dur, tres dur d’enguager tout dans la recherche et le retablissement de notre langue, comme element central de notre identite’, par certains, et de voir des millions d’autres, applaudir ces efforts-la, et au meme temps, livrer leurs enfants fille et garcon, a l’ecole d’un regime, dont la mission n’est autre que l’abrutissement et notre elimination permanante. Est-ce de la lachete’ ou de l’ignorance ?

  3. bonsoir a tou(te)s,
    pour ceux que ca interesse, il y a un precurseur avant le grand boulifa, personne n’en parle d’ailleurs (chaker, mammeri, saadi, … etc) et je ne sais pas pourquoi ! c’est un vrai mystere (pour moi).
    il s’agit de (said cid kaoui, 1859-1910), d’amizour (soummam).
    beaucoup de nos chercheurs seraient etonnes de le decouvrir, ainsi que ses dictionnaires et ses recherches sur la langue kabyle.
    Alors, bonne decouverte et a bons entendeurs … tanemirt nwen.

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