Académie algérienne de langue tamazight : Des intellectuels kabyles expriment leurs appréhensions

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TAMAZGHA (Tamurt) – La création imminente de l’académie algérienne de langue tamazight continue de susciter des appréhensions dans les milieux intellectuels et militants kabyles. Des craintes sérieuses sont exprimées concernant le risque que cette académie soit dévoyée de sa véritable mission ou confiée aux imposteurs. Ainsi, dans un nouvel appel rendu public par l’écrivain kabyle Brahim Tazaghart, il est rappelé que la loi organique portant création de l’académie Algérienne de la langue Amazighe n’est pas la loi organique portant mise en oeuvre de l’article 4 de la constitution. « Les choses doivent êtres claires afin d’éviter toute confusion ou faux débat. La loi organique portant mise en oeuvre de l’article 4 doit définir les fonctions de la langue officielle, les champs d’applications, les moyens institutionnels qui seront mis à sa dispositions… », est-il encore souligné dans le même appel.

Il y est également précisé que l’académie est l’instrument scientifique qui permettra à la langue d’assumer ses tâches de langue officielle : elle fait partie d’une politique d’ensemble ; mais elle ne peut en cas la remplacer. « La loi organique portant mise en oeuvre de l’article 04 est politique, elle exprime la volonté de l’Etat de faire de la langue un facteur de l’unité nationale et un creuset où le peuple se fond en une nation libre », ajoute-t-on. Pour ces intellectuels kabyles, la loi organique portant mise en oeuvre de la l’article 04 doit, pour être légitime, rattraper les lacunes enregistrées dans la constitution de 2016, en soulignant, essentiellement que Tamazight est la langue officielle des institutions de l’Etat et une constante nationale inamovible.

« La loi organique qui complète la constitution actuelle peut préparer la constitution à venir. Il sera plus raisonnable d’opter dans le prochain texte constitutionnel, émanation d’une constituante, d’une conférence de consensus national ou, d’un amendement ordinaire, pour un seul article qui concernera les deux langues officielles qui sont la langue Arabe et la langue Amazighe, que de laisser la situation en l’état, maintenant une inégalité préjudiciable », indique-t-on en outre.

« S’il est important de veiller à la mise en place d’une académie répondant au standard universel, où siégeront des scientifiques de haut-niveau soucieux de faire de cette langue une langue de développement, échappant à toute pression politique ou idéologique, il ne faut pas perdre de vue la nécessité de la promulgation de la loi organique portant mise oeuvre de l’article 04, ainsi que des décrets et textes réglementaires qui rendront l’officialisation de Tamazight effective. Il est important d’agir, au lieu de réagir », concluent enfin ces intellectuels et militants de très longue date de la culture et de la langue amazighes.

Tahar Khellaf

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