La Parade de la dynastie Bouteflika. Elle signe sa fin

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Aziz Tari
Aziz Tari

CONTRIBUTION (TAMURT) – Après la grande parade du vendredi 08 ,ars, jamais connue dans le monde entier aujourd’hui et unique par son ampleur, vient celle de la dynastie Bouteflika et des généraux en ce jour du 11 Mars pour clore le carnaval. C’est une pièce qui s’est jouée en deux temps dans deux planètes différentes où tout oppose.

Après l’euphorie grandiose et à juste titre exprimée par les peuples dans la rue et à unissons pour un vrai changement (pas de 5ième mandat, système dégage), on répond par la continuité et en pire puisqu’il n’y aura même pas d’élections malgré le dépôt des dossiers de candidatures dont l’actuel président en fait parti et que lui-même aujourd’hui vient de prendre la décision d’annuler. C’est un coup d’état constitutionnel avec l’appui des capitales occidentales notamment la France.

Reste que la question est toujours posée, il sera de force président à vie sans mandat électif puisqu’il expire le 27 Avril. Reste que la rue a déjà voté pour que le système dégage et pas de 5 ni de 4+. La grève générale est bien suivie et les manifestations continuent à mobiliser y compris dans les corps d’Etat et les corps constitués (sauf l’armée, la gendarmerie et la police) et pour clore la semaine la grande marée humaine historique qui a investi l’ensemble des territoires en ce Vendredi 15 comme réponse infligeant ainsi la plus grande leçon de l’histoire.

Le scenario proposé ne peut fonctionner et aucun ne pourrait l’être puisque le message est très clair et ne soufre d’aucune ambigüité : il n’y aura aucune grâce possible ni recyclage possible, la rue demande la tête du système et le départ de tout le personnel qui l’a servi (Bouteflika, Gaid Salah, le FLN, le RND, le MPA, les islamistes et toute la pègre et vautours….). La peur a changé de camp, c’est la première victoire de la rue. Rien ne sera plus comme avant, la fin d’un régime et d’un règne est entamée, la fin de la dynastie d’Oujda aussi, le printemps des peuples s’installe et s’installera durablement jusqu’à la victoire finale.

Les jeux sont clairs, on rentre aujourd’hui dans une autre phase et les choses sérieuses commencent. Il faut que ce printemps des peuples se traduisent par la volonté de bâtir le changement tant souhaité. Il faut qu’on soit prêt et à la hauteur des espérances soulevées par les millions de citoyens dans tous les territoires de l’Algerie. Le débat doit s’installer pour trouver les voies et les moyens pour entamer la marche vers les transformations profondes qu’exige l’histoire du renouveau.

Oui aujourd’hui on peut entamer la décolonisation réelle, refonder l’ensemble (l’Algérie) sur des bases qui permettent aux peuples de ce pays de réaliser le rêve de la liberté. Pour cela, il faut une feuille de route pour ceux qui ont cette mission et cette responsabilité historique de redéfinir les fondements du vivre-ensemble dans un destin commun en respectant l’histoire des peuples et leurs aspirations de s’affranchir de toute tutelle qui empêche l’histoire de s’accomplir.

Il ne peut y avoir aucune voie possible aujourd’hui sans la chute du régime qui a régner depuis 1962 et même avant avec l’exécution de Ramdhane Abane et le congrès de la Soummam avec. Il faut que la rue aille jusqu’au bout. Toute tentative qui sort de ce cadre subira le même sort. L’avertissement est donné à tout le monde. Toute tractation sortie des officines subira le même destin puisque elle s’inscrit dans la confiscation de la rue.

Aujourd’hui on assiste à ce que j’appelle à l’édifice d’un contrat national qui unit tous les peuples autour d’un seul objectif celui de la chute du régime et des systèmes qui ont régnés jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est pas l’unité nationale ce qui à mon sens est à l’encontre du principe même de la refondation de l’Etat-Nation dont nous souhaitons tous et dont la Kabylie entière s’est inscrite depuis l’Algérie poste coloniale. C’est un processus de l’histoire qui repense l’idée de l’Algérie et c’est toute la problématique qui est posée. Avant il y avait la peur du régime qui est tombée, maintenant il faut casser les tabous et la peur de la division au nom de l’unité d’un seul peuple pour faire taire les différences. Il faut casser aussi cette peur pour rétablir l’histoire des peuples. Le changement passe par la et osons le faire au nom de l’Histoire

Rebâtir l’Algérie de demain passe par casser les tabous, casser les constantes et les mythes qui ont régné jusqu’à aujourd’hui et qui nous ont sorti dans la rue par millions pour réclamer la fin de tout pour tout reconstruire mais pour cela il faut tout déconstruire. C’est la phase la plus dure mais elle est nécessaire et accessible si on se donne une autre vision du vivre ensemble c’est-à-dire le destin commun. Nous la Kabylie on s’est battu au prix de notre sang pour le changement. On a produit de la réflexion, de la pensée et aussi de la synthèse. On a ensemble tracé; par notre propre histoire, la voie qui est la notre pour se libérer de tous les carcans idéologiques qui nous ont maintenus dans un statut de non droit.

Oui aujourd’hui le temps est venu de mettre tout à plat, certaines idées et concepts émergent ça et là tels : transition, gouvernement de transition, conférence nationale, assemblée constituante, deuxième république…..Mais dans tout ça il y a un ordre et une exigence de clarification pour éviter tout holdup. Tout le monde est averti la rue n’acceptera pas facilement tout bricolage sorti des officines et quelque soit l’officine. La rue exige de la transparence, de la clarté et de la visibilité.

La transition est le temps ou période qu’on se donne pour accoucher d’un document fondateur de la nouvelle Algérie appelé constitution. Pour cela il faut d’abord que le régime saute ou tombe puisqu’il est responsable de cette tragédie. C’est la première condition pour tout changement. Pour réaliser cette transition il faut se donner les instruments (les structures), les moyens pour y arriver et en fin qui est à charge de cette responsabilité historique de mener cette mission et qu’elle feuille de route. C’est toute la problématique et on rentre à ce niveau dans le dur mais aussi dans la clarification.

La priorité des priorités est la feuille de route, celle qui donne le cap et rétablit les vérités historiques. Le seul document de base qui peut se faire valoir comme principe fondateur de l’idée de l’Algérie est le congrès de la Soummam organisé à Ifri 1956. C’est le document de base historique et c’est la source même de notre existance. Bien sûr il faut l’adapter à la réalité d’aujourd’hui pour la refondation de l’Etat, repenser la Nation et les fondements de la république. C’est aussi le symbole de la fin du populisme et de la confiscation de l’histoire. C’est la feuille de route au niveau national. C’est aussi la fin des clans (le clan de l’est, le clan de l’ouest, le clan d’Oujda et j’en passe….). Le congrès de la Soummam a défini six (06) régions autonomes pour réaliser l’unification des territoires et donner un sens historique à ce pays.

Toute proposition qui s’autoproclame en dehors de l’esprit du congrès de la Soummam est une usurpation de l’histoire. La wilaya trois (03), la Kabylie est capable de désigner ses représentants pour une gouvernance collégiale pour la transition. Il y a six (06) wilayas je veux dire régions historiques. C’est à elles de désigner leurs représentants pour cette direction collégiale pour une présidence collégiale ou instance suprême de gouvernance transitoire sur la base d’une feuille de route claire pour permettre que la vie publique continue d’exister et que les citoyens participent à cet élan démocratique à travers les débats publics. Cette présidence collégiale doit d’abord constituer un gouvernement provisoire sur la base de la même configuration pour la continuité de l’Etat en attendant le document final qui définit les fondements de la nouvelle Algérie.

La Kabylie est prête à ce changement c’est son histoire très riche mais elle n’acceptera pas d’être usurpée ni elle acceptera de représentants sans mandat et sans feuille de route. Pour la feuille de route il y a eu beaucoup de débats, de rencontres et de séminaires depuis longtemps qui ont abouti à une synthèse entres les souverainistes, les autonomistes, les régionalistes, bérberistes et les démocrates. Il est dans son esprit et sa philosophie la synthèse de nos combats. C’est le manifeste pour la Kabylie. C’est la base de notre travail qu’il faut adapter à la réalité d’aujourd’hui et aux exigences de la feuille de route pour ceux qui sont mandatés. C’est le texte de base pour notre conférence régionale.

Il n’y aura pas de conférence nationale sans conférences régionales. Une fois que les conférences régionales sont tenues avec leur feuille de route, on désignera les représentants pour la Kabylie. C’est à eux de trouver un compromis intelligent et historique entre le congrès de la Soummam et les conférences régionales pour la refondation de la république, de l’Etat et de la Nation. C’est une réponse à ceux qui se précipitent aujourd’hui à s’auto désigner pour gérer la transition. Beaucoup de textes et de déclarations circulent, c’est normal et c’est de bonne guerre.

La mission première de la présidence collégiale est de mettre fin d’abord à toutes les assemblées issues de l’ancien régime (Assemblée nationale, le sénat, les APW et APC), le conseil constitutionnel et le conseil d’Etat, la fin de toute responsabilité de ceux qui ont été désignés par décret présidentiels (Walis et chef de Dairas), le patron de la Sonatrach, le patron de la banque centrale. Ce sont les premiers signes de changement. Il faut décréter un moratoire sur tous les contrats passés par ce régime en attendant un véritable changement institutionnel. Il faut geler les avoirs et les biens de tous les dignitaires de ce régime à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les biens mal acquis. C’est la première condition pour que la confiance revienne, l’apaisement et la sérénité retrouvent leur place pour un débat sérieux et l’espoir du changement s’installe.

Le gouvernement de transition doit avoir comme seule mission la continuité du fonctionnement de l’Etat, des instituions et de la vie publique tout en garantissant les libertés et toutes les libertés pour permettre que le débat s’installe. Pour cela il faut prendre le contrôle des médias d’Etat pour mettre fin aux décennies de la dictature de l’information. Il faut qu’il observe une neutralité totale vis à vis des transformations, une impartialité totale et sans sensibilité politique affichée. Il doit veiller à ce que tout le personnel qui est responsable de cette tragédie (FLN, RND, Islamistes et autres…) et qui ont exercé des responsabilités doivent êtres mis hors champ de nuire et certains poursuivis.

Le gouvernement est à charge d’organiser et de superviser les conférences régionales et de diffuser largement le congrès de la Soummam tout en fixant des échéances raisonnables pour dégager leur propre feuille de route et désigner leurs représentants pour la conférence nationale ou l’assemblée constituante. Nous en Kabylie on peut le réaliser rapidement puisque le plus gros travail est fait, et en plus on a des traditions de travail, on se connaît tous et la Kabylie nous connaît. Elle a ses partis politiques (FFS, RCD, PST, RPK, URK ; MAK), des personnalités politiques et historiques de poids qui ont marqué le mouvement Amazigh depuis le printemps de 80 au printemps noir de 2001, et une société civile bien impliquée dans le combat pour le changement depuis longtemps. C’est notre victoire à nous et notre chance de réussite. J’appelle tout ce monde à cette conférence régionale dans les jours qui viennent pour donner une impulsion concrète au reste du pays. Cette conférence régionale de la wilaya 03 territoires historiques de la Kabylie doit être retransmise au niveau national pour permettre au reste du pays de comprendre notre histoire et saisir la chance pour un renouveau de l’Algérie.

Voila dans l’immédiat les premières voies pour participer à la marche pour le changement. J’appelle à l’esprit de responsabilité dans cette mission historique. Nous devons être à la hauteur de ses enjeux. Je participerai à cette conférence régionale pour sa réussite. Je n’accepterai jamais de représenter la Kabylie sans mandat clair et sans feuille de route. Je suis disponible dans cet esprit et je le dis publiquement sans passer par aucune officine.

Nous rentrons bientôt dans le printemps Amazigh et le 20 Avril en est ce symbole, faisons de ce printemps le réveil des peuples pour que notre destin commun porte les couleurs des transformations profondes pour mettre fin aux injustices de l’histoire. Faisant de ce 20 Avril la journée de la liberté et nous fêterons tous ensemble et à l’unissant dans la joie et la bonne humeur puis qu’elle précède de 07 jours la fin du mandat de l’actuel président t agonisant. Et on lui fera sa fête comme elle se doit.

Aziz Tari
Détenu de 80 et 81
Militant pour les libertés et l’Amazighité

1 COMMENTAIRE

  1. C’ est à la même synthèse à laquelle je suis arrivé aussi à une différence prêt. Que l’ option de l’ arabisation qui fait la deuxième peau des institutions et régions autres que la kabylie trouve donc continuité dans le  » congrès du Caire qui a de fait déconstruit celui de la Soummam.
    « Wilaya  » est un mot arabe et il n’ est pas neutre il est fonctionnel à une vision arabocentrique, je lui préfére l’ Aarch amokran ou Agraw.
    À tel propos, les thèses de l’ Araches de 2001 peuvent être la base de discussions, même s’il faut ne pas conditionner les développements successifs comme la thèse indépendantiste qui a pris de l’ amp!eur. Le pas urgent serait celui d’ un parlement De Kabylie qui induirait les autres régions à s’ s’émanciper de la caste féodale qui fait office d’ État central. 1000.000.000.000€ en 20 ans sont une preuve que la citoyenneté n’ est pas un problème quantitatif mais de système. Ne pas procéder à partir de notre vision nous porterait à subir celle pensée par l’ officine du régime.

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