Tamazight : rien n’a changé après 5 ans

4
899
Tamazight
Tamazight

TAMAZGHA (TAMURT) – Cinq années après la « reconnaissance constitutionnelle » de tamazight comme langue officielle en Algérie, rien, absolument rien, n’a concrètement changé sur le terrain. Même l’Académie algérienne de langue tamazight n’a pas encore vu le jour en dépit de l’annonce de la liste de ses membres et de son président.

Il s’agit d’un constat sans appel concernant l’état des lieux de la langue tamazight, cinq années après sa soi-disant reconnaissance officielle dans la constitution. Une « reconnaissance » que certains relais du pouvoir n’hésitent pas à célébrer « avec joie » comme s’il s’agissait d’une avancée historique et concrète. Or, sur le terrain, il n’en est rien car la langue arabe continue d’être la seule langue officielle en Algérie. Tout se fait dans cette langue à commencer par les audiences dans les tribunaux où la seule langue autorisée et employée par les juges, les avocats et même les témoins et les prévenus est la langue arabe. Il en est de même de tous les documents officiels.

La langue tamazight est absente de tous les documents officiels dont la carte nationale d’identité, le permis de conduire et le passeport où on ne trouve aucune trace de la langue tamazight ne serait-ce qu’à titre symbolique. Aucun budget conséquent n’a été déloqué par l’Etat algérien pour permettre à la langue tamazight d’occuper le terrain contrairement à ce qui a été fait et à ce qui est toujours fait avec la langue arabe qui bénéficie de sommes astronomiques. De nombreux observateurs honnêtes considèrent « la constitutionnalisation » théorique de tamazight comme étant une grande arnaque.

Même l’enseignement de la langue tamazight continue d’être limité au pays kabyle. Alors qu’il existe des journaux publics aussi bien en arabe qu’en français, entièrement financés par l’Etat, il n’y a aucun journal du secteur public en langue tamazight. L’Etat a même suspendu de parution le quotidien « Tighremt », unique organe de presse amazighophone en papier qui sortait dans le pays. Toutes les chaines de télévision du secteur privé, indirectement soutenues et financées par l’Etat, ne diffusent point des programmes en langue tamazight. Cinq années après la « constitutionnalisation » théorique de Tamazight comme langue officielle, rien n’a changé sur le terrain.

Idir Tirourda

4 Commentaires

  1. l’officialisation quoi tamazight ou taqvaylit?
    Un désordre totale qui arrange les affaires du régime résolument arabiste et le fondamentalisme islamiste son guide!

  2. Paradoxalement c’est maintenant qu’il faut revendiquer l’interdiction de la langue arabe en Kabylie. Rien ne fait de ce devoir-etre une nècessité. Ni pour son apport culturel en modernité et technologique ni pour sa possibilitè représentative encore moins sur le plan stratègique sécuritaire. L’arabisme d’Etat n’a pas sécurisé le pays, au contraire il a été rendu vulnerable devant la lancée des monarchies du golfe qui encerclent le pays. Le magreb arabe nonplus, vu qu’il joue les interets des monarchies contre l’authenticité. Donc cette betise assumée par habitude doit disparaitre, un esclave est souvent habitué à son maitre comme un alcoolique à sa bouteille. L’islam n’est pas neutre il sert de levier à cette colonisation.

  3. Le ‘ terrain culturel et idéologique ‘ est le ‘ domaine de prédilection ‘ pour le Régime militaire….

    … e terrain propice à ses manipulations et provocations, c’est son ‘ domaine préféré ‘ destiné à diviser, séparer, isoler, discréditer, jouer les uns contre les autres, élever tels contre tels … L’islam / isme, la langue arabe, tamazight, le français, etc. Or, il ne peut y avoir une solution juste tant que le Régime dictatorial militaro-mafieux préside aux destinées du pays.

    C’est le domaine qui permet aux Généraux -les varis décideurs- d’éloigner la ‘ question politique ‘ = la ‘ la question du pouvoir ‘, qui est la question principale et primordiale, essentielle et fondamentale, générale et globale ‘

    Lire :
    La question du pouvoir en Algérie, par A. Yefsah, Thèse de Doctorat en Sciences politiques, Université de Nanterre Paris-X, 1984.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici