Bgayet : Six jours après le séisme, les sinistrés livrés à eux-mêmes !

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Sinistrés Bgayet
Sinistrés Bgayet

BGAYET (TAMURT) – Six jours après le séisme de magnitude 5,9 qui a fortement secoué la ville Bgayet et sa région, dans la nuit de mercredi et jeudi derniers, à 01h04, les sinistrés attendent toujours des mesures urgentes et concrètes de la part de l’administration et des pouvoirs publics algériens. Aucune opération de relogement n’a encore été entamée, alors que des bâtisses menacent ruine. Hormis les ingénieurs du CTC qui continuent leur travail de recensement des habitations et édifices endommagés, l’Administration semble absente sur le terrain de l’avis même des sinistrés. Plus grave : au lieu de distribuer des logements finis et vides, érigés au centre-ville, aux nécessiteux, l’administration algérienne a procédé au lendemain du séisme à la construction d’un mur en parpaing pour y bloquer l’accès, de peur qu’ils soient squattés !

« Ma maison est sur le point de s’effondrer. J’ai été reçu par le chef de cabinet du wali, qui a promis d’envoyer une équipe sur place. J’ai également vu le chef de daïra, lequel a pris mes coordonnées et m’a fait la promesse de prendre en charge ma doléance. Mais, à ce jour, personne n’est venu me voir », s’indigne un sinistré de la haute ville de Bougie, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Il n’est pas le seul a éprouvé ce sentiment d’être abandonné et délaissé de la part des responsables de l’administration algérienne, et même des élus locaux. Ce mardi 23 mars, des dizaines de familles se sont rassemblées devant le siège de la wilaya (préfecture) pour réclamer des logements décents. Elles ont été recasées « provisoirement » depuis plus de dix ans au niveau d’un camp de vacances à Saket, 30 km à l’Ouest de la ville de Bgayet, en attendant leur recasement. Une mesure provisoire qui dure déjà une dizaine d’années ! Pourtant, ces familles disent vivre dans des conditions dramatiques et inhumaines au niveau de ce camp de vacances communal, qu’elles n’hésitent pas à qualifier « de camp de concentration ». Pour cause, elles sont entassées dans des chambres « ne dépassant pas les 3 m2 et dépourvues des commodités essentielles pour une vie décente », déplore l’un des représentants de ces mal-logés. Même cri de détresse de plusieurs familles habitant d’autres quartiers populeux de la ville de Bgayet, lesquelles occupent des habitations précaires. Ce mardi, la patience de ces familles sinistrées des quartiers, entre autres, Soummari, Sidi Oudali, Tamandjout, Plateau Amimoun, Bab Elouz, Houma Oubazine, La Cifa et Oued Romane, a atteint son paroxysme. « Personne n’a cherché après nous. Il y a des familles qui dorment dans la rue car leurs maisons menacent de s’effondrer à tout moment. Il y a au centre-ville de Bejaia une cité de 27 logements finis non encore distribués. Au lieu de les utiliser pour héberger les nécessiteux, les autorités y ont construit un mur bloquant l’accès car ils craignent qu’ils soient squattés par les sinistrés », dénonce un habitant de Soummari.

Ce mardi après-midi, les habitants de la Cité Aouicha (Cité Tobbal) ont fermé une route en plein centre-ville pour dénoncer l’inertie et la sourde oreille de l’administration. « Les équipes du CTC sont passées voir nos maisons, mais sans suite. Personnellement, j’habite une maison dont les poteaux représentent de graves fissures. Actuellement, je suis dans la rue avec mes enfants, car je crains un éventuel effondrement. Le CTC refuse de me délivrer son constat, arguant que c’est du ressort de la wilaya. Or, les autorités sont absentes », déplore un père de famille de la Cité Aouicha. Par ailleurs, des élus se réclamant de l’opposition à l’APC de Bgayet ont tiré, aujourd’hui, à boulets rouges sur le maire, lui reprochant son inaction devant l’urgence et la crise humanitaires engendrées par le séisme du 18 mars dernier. « Un séisme terrible a frappé notre commune, le jeudi 18 mars 2021, à 1h04 du matin, provocant d’énormes dégâts matériels et causant un état de psychose au sein de notre population livrée, désormais, à elle-même. Au lieu d’appeler en urgence à la tenue d’une assemblée populaire communale extraordinaire dans l’heure qui a suivi le séisme, le président de l’APC par intérim, s’est contenté, dans la journée du jeudi, d’une sortie ‘’Selfie’’, obligeant les élus à des actions isolées, discréditant toute l’assemblée auprès de notre population », a-t-on lu dans une déclaration rendue publique par ces élus de l’opposition (18 sur 31 siégeant à l’APC de Bgayet).

Le représentant de l’administration algérienne n’a pas aussi été épargné par ces élus. « De son côté, le wali de Bejaia qui a brillé par son absence la nuit du séisme n’a pas été rassurant en réitérant les promesses déjà faites par les services techniques (CTC), déjà en 2012, au moment où nos chers concitoyens attendent des mesures d’urgences notamment le relogement immédiat des familles sinistrées », indiquent les rédacteurs de ce document. Même « la forte » délégation ministérielle, cinq ministres, dépêchée par le pouvoir central d’Alger, n’a pas été à la hauteur des attentes et des espérances des citoyens traumatisés par ce terrible séisme, selon ces mêmes élus.

En tous les cas, cette catastrophe a démontré toute la défaillance de l’Etat algérien en matière de prise en charge des besoins des sinistrés. Dans un autre chapitre, nous apprenons de sources concordantes que des dizaines de logements inoccupés existent dans la municipalité de Bgayet, au niveau de la cité Oued Romane, cité Zedma, la cité 200 logements à Ihaddaden, à Sidi Ali Lebher et à la cité Edimco. Les citoyens de Bgayet demandent pourquoi l’administration refuse de les distribuer aux nécessiteux et aux sinistrés de ce séisme.

Arezki Massi

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