LYAZID ABID, Porte-Parole de l’URK: « Ce troisième boycott consécutif ouvre la voie à l’indépendance de la Kabylie. »

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Lyazid Abid, URK
Lyazid Abid, URK

KABYLIE (TAMURT) – A la veille des élections législatives algériennes, Lyazid Abid, Porte-parole de l’Union pour la République Kabyle (URK), revient dans cet entretien sur le rejet massif de ce scrutin par le peuple kabyle et nous livre la conclusion qu’il en tire. « Ce troisième boycott consécutif ouvre la voie à l’indépendance de la Kabylie »

Tamurt.info : Demain, 12 juin 2021, l’Algérie organise des élections législatives anticipées. La Kabylie a décidé de rejeter massivement ce scrutin, après avoir boycotté ceux de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 et de la révision de la Constitution algérienne du 1er novembre 2020. Trois rejets massifs d’affilée des élections algériennes par la majorité écrasante des kabyles. Que signifie pour vous ces rejets consécutifs. Quelle lecture en faites-vous ?

Lyazid Abid : Cela signifie tout simplement et en toute évidence que la rupture radicale entre la Kabylie et l’Algérie est consommée. Le scrutin législatif du 12 juin représente donc une nouvelle occasion pour le peuple kabyle d’entériner cette rupture définitive, en réitérant encore une fois le « Zéro-vote », après ceux enregistrés lors des deux dernières élections, organisées par l’Algérie, à savoir la présidentielle du 12 décembre 2019 et le référendum constitutionnel du 1er novembre 2020. La Kabylie a désormais décidé de rejeter systématiquement et catégoriquement toute élection algérienne sur son territoire. Ce troisième boycott consécutif ouvre la voie à l’indépendance de la Kabylie. C’est la conclusion logique que je peux en tirer.

Tamurt.info : Toutefois, la Kabylie aura des représentants à la nouvelle APN algérienne, car des listes indépendantes ou issues de partis politiques sont en lice dans cette élection législative au niveau notamment de ses trois grandes villes, à savoir Tuvirett, Tizi Wezzu et Vgayet.

L’Algérie a décidé de tenir son scrutin, et ce, avec ou sans électeurs. La junte militaire au pouvoir depuis 62 a déployé toute sa puissance, sa ruse, sa propagande mensongère, ses pratiques antidémocratiques et son recours à la répression pour assurer via un coup de force ces élections. En Kabylie, elle a actionné ses quelques relais locaux. Ceux-ci n’ont même pas fait de campagne électorale pour convaincre d’éventuels électeurs de voter pour eux. Ils ne représentent qu’eux-mêmes. Le peuple kabyle sait que ces candidats sont des opportunistes, qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels et non de ceux de la Kabylie. L’histoire retiendra d’eux l’image d’opportunistes. Mais, rien n’est trop tard. Ces candidats peuvent se retirer de cette mascarade électorale par un sursaut de dignité.

Tamurt.info : Quel est votre message au peuple kabyle à la veille de l’élection législative algérienne.

D’abord, je salue ce formidable sursaut du peuple kabyle, qui a fait consensus autour du boycott de ce scrutin. Cet éveil agace au plus haut point la junte militaire au pouvoir en Algérie. Cela explique la répression policière féroce et l’acharnement judiciaire qui s’abattent sur les militants indépendantistes et les activistes kabyles de toutes obédiences. En dehors de la Kabylie, beaucoup de kabyles sont arrêtés par la police algérienne, notamment à Alger. Depuis plusieurs vendredis, les marches du hirak ne se tiennent qu’en Kabylie. Le message de l’URK aux kabyles est qu’ils rejoignent notre appel à la tenue d’une « Conférence Nationale Kabyle » pour ne pas perdre encore plus de temps. Il est grand temps de considérer les intérêts de la Kabylie avant tout, surtout en cette période où elle est menacée de toutes parts, avec le classement absurde du MAK comme « organisation terroriste » et les appels criminels d’autres algériens islamistes, comme le sinistre Bensedira, à l’extermination des kabyles. Avant lui, souvenez-vous, l’ancien S/G du FLN avait proposé à ce qu’on bombarde la Kabylie.

Tamurt.info : Et quel est votre message pour le régime algérien ?

Notre mouvement revendique ouvertement l’indépendance de la Kabylie par l’organisation d’un référendum conformément au droit international et des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Ces conventions que reconnait l’Algérie officiellement consacrent le droit aux peuples à disposer d’eux-mêmes. Il ne reste donc à l’Algérie que de reconnaître la souveraineté de la Kabylie sur ses territoires. En Kabylie, l’Algérie a perdu toute sa crédibilité. Que le pouvoir algérien sache que l’URK continuera son combat pacifique aux côtés de tous les militants indépendantistes en usant de tous les moyens légaux que nous confère le droit international, et que nous ne ménagerons aucun effort jusqu’à l’aboutissement de notre ultime revendication, à savoir l’indépendance de la Kabylie.

Propos recueillis par Arezki Massi

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