Interview de Lyazid Abid au journal arabophone marocain akhbarona.com

0
926
Lyazid Abid, Philadelphie, juin 2016
Lyazid Abid, Philadelphie, juin 2016

MAROC (TAMURT) – Suite à l’éclatante victoire diplomatique des independantistes kabyles après la reconnaissance officielle du Royaume du Maroc du droit du Peuple kabyle à l’autodétermination lors de la réunion ministérielle du Mouvement des Pays Non-Alignés (MNA) qui s’est tenue le mardi 13 et 14 juillet, un journal arabophone marocain, akhbarona.com, a accordé une interview à Lyazid Abid, Porte-parole de l’URK. Nous vous la livrons, ci-après.

Comment avez-vous accueilli la décision du Maroc de soutenir le droit à l’autodétermination du peuple kabyle ?

Toute la Kabylie est soulagée par cette reconnaissance tant espérée. C’est un geste courageux et historique qui honore sa Majesté Mohammed VI et redonne ses titres de noblesse à la diplomatie marocaine. Cette dernière prouve ainsi qu’elle opère dans la réalité nord-africaine et méditerranéenne et accompagne les aspirations réelles des peuples qui y habitent.

Depuis 1962, le Peuple kabyle a trop souffert du déni de l’Etat algérien. Nous avions espoir que l’Algérie finirait par se rendre à l’évidence et reconnaîtrait nos droits les plus élémentaires. Hélas, d’année en année, d’une génération à une autre, le pouvoir algérien n’a fait que renforcer sa politique anti-kabyle. Il ne lésine sur aucun moyen pour éradiquer la personnalité kabyle et amazighe. Quand il lui arrive d’imiter le Maroc sur certains acquis, il le fait pour que rien ne change. Entre la Kabylie et l’Algérie, la rupture définitive a eu lieu en 2001, lors du printemps noir, lorsque les forces de sécurité algériennes recoururent aux armes de guerre pour abattre 127 jeunes kabyles et handicaper à vie des milliers d’autres qui revendiquaient pacifiquement la démocratie pour toute l’Algérie. Notre espoir dans l’Algérie fut stoppé net. Le rejet massif de la Kabylie (zéro-vote) des 3 dernières élections algériennes : l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, la révision de la Constitution, le 1 novembre 2020 et les législatives du 12 juin 2021, montre la profondeur de la rupture.

Trop de désillusion, de larmes versées et de sang coulé ont fini par faire admettre aux Kabyles les plus conciliants l’amère réalité et à admettre que le salut de la Kabylie réside dans une Kabylie indépendante. Le droit à l’autodétermination de la Kabylie est ainsi le seul remède pour apaiser les souffrances d’une Kabylie martyrisée, mais restée debout. À ce titre, nous ne remercierons jamais assez le Maroc pour cette délivrance. Nous espérons voir la diplomatie marocaine persévérer dans cette démarche jusqu’à faire valider le droit à l’autodétermination de la Kabylie par le maximum de Nations siégeant à l’ONU. Nous attendons aussi avec impatiente l’ouverture d’une représentation diplomatique kabyle au Maroc.

Qu’en est-il de la réaction du régime algérien après que le Maroc ait déclaré son soutien à l’autodétermination de la Kabylie ?

Le régime algérien n’a pas attendu cette reconnaissance du Maroc pour stigmatiser et mater les Kabyles. Pour l’Algérie, les Kabyles sont des terroristes en puissance. Des centaines de Kabyles sont actuellement emprisonnés du fait qu’ils soient kabyles et qu’ils cherchent des solutions au malaise algérien. Il y a parmi eux le fils du légendaire colonel Amirouche, des militants du MAK, de l’URK et d’autres mouvement autonomistes.

Par cette action de la diplomatie marocaine, le pouvoir algérien est mis face à ses propres contradictions. Il ne suffit pas de prêcher les belles paroles, encore faut-il faut de la profondeur et un minimum d’éthique. Il est clair que la diplomatie algérienne est déniée de toute morale, ce que les grandes Nations ont bien compris depuis longtemps. Le mensonge, la triche, lhogra, et l’anti-kabylisme sont érigés en mode de gouvernance et en philosophie du sérail. Telle une bête blessée, l’Algérie réagira avec violence, les prochains jours. Sa répression s’annonce féroce. Je profite de cette tribune pour alerter l’opinion internationale sur les dérives du pouvoir algérien, sur les crimes qu’il a commis et peut commettre contre ses peuples et sur l’ugence de la libération de tous les prisonniers politiques kabyles.
La Kabylie se libérera bientôt de la tyrannie algérienne.

Lyazid Abid, Porte-parole de l’union pour la République Kabyle (URK)
Source 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici