Bientôt des avions sans pilotes ?

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Lorsqu’il n’y aura plus de pilote dans l’avion

Le drame de l’Airbus A320 de GermanWings, qui a d’ores et déjà incité plusieurs compagnies à reconsidérer les procédures d’accès à la cabine de pilotage de leurs appareils, pose la question du comportement des pilotes, c’est à dire du facteur humain, dans les accidents aériens. Ce crash amène aussi à s’interroger sur la perspective – certes lointaine – de voir voler des appareils sans pilote ayant à leur bord des passagers. Leur trajectoire serait programmée et supervisée depuis le sol. En clair, ils s’agirait de drones de transport.

Cet horizon peut être considéré comme très plausible. Dans le domaine militaire, le démonstrateur de drone de combat européen Neuron réalisé par le groupe Dassault préfigure ouvertement une alternative aux avions de chasse pilotés. Dans Les Drones Aériens (éditions Cepaduès), Lionel Chauprade, évoque l’AirMule, une sorte de gros drone (1,4 tonne) pourvu d’une énorme turbine, réalisé par Urban Aeronautics Ltd, une société israélienne. Il est destiné aux transport de troupes, plus particulièrement à l’évacuation des blessés.

Dans le domaine civil, l’envol de drones de transport est envisagé à l’horizon 2050 (ce qui laisse un délai raisonnable au SNPL d’Air-France pour déposer un préavis de grève…). « L’hypothèse est en tout cas réaliste », estime Michel Polacco dans son ouvrage Drones, l’aviation de demain ? (Privat) qui rappelle que le mouvement est engagé. « Après l’actuelle génération d’avions civils, souligne le journaliste, un seul pilote demeurera chargé de veiller au bon fonctionnement des systèmes et sera apte à prendre des initiatives voire à tenir le manche ». L’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales) planche depuis plusieurs années, dans le cadre d’un projet initié par la Commission européenne, sur un projet de petit avion-taxi sans équipage. D’une envergure de 12 mètres pour une longueur de 8 mètres, l’avion sans pilote du projet PPlane (pour Personal plane) pourrait transporter deux à quatre passagers à plusieurs centaines de kilomètres grâce à ses six moteurs électriques. Son altitude de vol serait comprise entre 2 000 et 4 000 mètres.

Avant de boucler sa ceinture et se laisser emporter dans les airs par un drone, de nombreux obstacles devront être surmontés. Et non des moindres. Ceux-ci renvoient à des questions techniques (assurer la liaison en toutes circonstances avec la base malgré la pénurie prévisible de fréquences hertziennes, parer automatiquement à tout dysfonctionnement ou imprévu), organisationnelles (faire en sorte que ces drones habités volants soient capables d’éviter par leurs propres moyens les risques de collision en mettant au point un contrôle du trafic aérien largement automatisé) mais aussi d’ordre psychologique. Quelle que puisse être la pertinence des constats mettant en évidence la responsabilité du facteur humain dans les catastrophes aériennes, accepter d’embarquer dans un aéronef dont les pilotes n’engagent pas leur vie en même temps que celle des passagers est une perspective dont il faut bien admettre qu’elle ne va pas de soi. Sans compter que la récente vague de démissions de pilotes de drones au sein de l’US Army suggère que ceux qui commandent à distance ces engins volants peuvent, eux aussi, être sujet au stress voire à la dépression. Reste que les mentalités évoluent. Dans dix ans, la voiture autonome sera probablement une réalité, ce qui devrait faire bouger les choses. Et puis, toutes choses égales par ailleurs, quel usager des transports en commun aurait il y a 30 ans envisagé de gaieté de cœur de monter à bord d’une rame de métro sans chauffeur ?

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