Le printemps berbère : le repère de la contestation populaire

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Réunion RPK
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Communiqué RPK (Tamurt) – Dans un contexte inédit, nous célébrons cette année, le double anniversaire du printemps de 1980 et des événements sanglants de 2001 ayant couté, sous la violence aveugle de l’Etat, la vie à plus de 127 personnes en Kabylie.

En ces moments de résurrection citoyenne qui force l’admiration et qui nourrit plein d’espoirs, notre pensée va d’abord à ces jeunes qui nous ont quittés dans des conditions effroyables et aux milliers de blessés sur lesquels ont été laissées des cicatrices indélébiles. La formidable mobilisation populaire que nous vivons depuis le mois de février dernier, l’éveil salutaire de l’ensemble des Algériens et des Algériennes à la nécessité d’en finir avec un pouvoir corrompu et autoritaire, trouvent, pour une grande partie, leurs origine et leur signification dans le combat démocratique permanent de la Kabylie. Ce juste rappel ne tient pas lieu d’une volonté de glorification mais seulement pour dire de manière forte à ceux qui nous disent, aujourd’hui, « ce n’est pas le moment de mettre en avant vos idées et vos revendications », que c’est justement le moment parce que c’est faire les choses à moitié que de vouloir dégager un système sans préfigurer celui qui va ou qui doit le remplacer ! Comme il est toujours bon de rappeler que l’appel légitime à l’action unitaire doit toujours se faire dans la reconnaissance de la pluralité et le respect de l’expression de la diversité. Ceci est valable pour les idées tout comme pour les symboles qui se sont exprimés à travers les drapeaux.

La démocratisation du pouvoir doit aller de paire avec la démocratisation de la société et la modernité. Se focaliser sur l’Etat de droit et oublier le respect des libertés individuelles et collectives ; mettre de côté l’égalité des sexes et la liberté de conscience pour ne parler que d’alternance au pouvoir, c’est aller droit vers la régression. Le départ du système n’a de sens que s’il est accompagné par la fin de toutes les formes de domination : politique, culturelle, économique et même religieuse. Et le départ du système ne peut se concevoir sans le démantèlement immédiat de la police politique, de ses principales organisations (FLN, UGTA) et de ses différents réseaux clientélistes.

L’opposition démocratique est appelée à sortir du surf politique pour proposer une solution concrète de sortie de crise en considérant qu’il n’y a de solution que si celle-ci s’inscrit dans une démarche collective. Une Conférence nationale pour la transition démocratique serait un cadre idéal pour arriver à un large consensus. L’expérience de la CNLTD en 2014 peut constituer un cadre de référence et un exemple pour sa formalisation.

Parmi les grandes idées qui font un large consensus en Kabylie, il y a cette nécessité d’engager une véritable refondation de l’Etat pour aller, d’une part, à une large décentralisation des pouvoirs et adapter, d’autre part, la nature de l’Etat aux réalités de la diversité culturelle et sociologique de l’Algérie. Pour le Rassemblement Pour la Kabylie (le RPK), cette question est centrale parce que nous considérons que la nature de l’Etat est indissociable du caractère multiculturel de la nation algérienne. C’est se tromper que de considérer la possibilité d’aller vers une véritable démocratie en enfermant une minorité ethnoculturelle dans un système fondé sur la loi de la majorité.

Si les demandes de reconnaissance identitaires, culturelles et linguistiques, portées pendant des décennies par le mouvement culturel berbère, n’ont pas eu de réponses escomptées c’est aussi parce que le paradigme des luttes engagées n’a pas intégré la nécessaire demande de reconnaissance des droits collectifs des communautés et peuples d’Algérie.
Le RPK, qui milite pour la reconnaissance d’un statut politique particulier de la Kabylie, considère que le moment historique est venu de rassembler toutes les forces en Kabylie pour peser lourdement dans le processus politique qui s’engage actuellement en Algérie. On ne pourra servir cette dernière qu’en restant nous-mêmes tout en gardant l’espoir d’écrire avec tous les algériens une nouvelle page d’histoire commune et avec le vivre-ensemble comme valeur partagée.

Le RPK appelle tous les citoyens et toutes les citoyennes à célébrer, dans la dignité, la pluralité et l’unité, le printemps amazigh à travers les marches traditionnelles du 20 AVRIL en Kabylie.

P/Le bureau du RPK réuni le 16/04/2019

Le coordinateur, Hamou BOUMEDINE

1 COMMENTAIRE

  1. La succursale du Caire a donc positivé l’arabité de l’Etat en 62 et donc à cette instance que nous sommes condamnés à demander l’autonomie?

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