Le professeur Kamel Aissat relaxé : Un triomphe de la mobilisation et de la science

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Kamel AISSAT, professeur de Microbiologie à l'université de Vgayet, Kabylie
Kamel AISSAT, professeur de Microbiologie à l'université de Vgayet, Kabylie

VGAYET (TAMURT) – Le professeur kabyle Kamel Aissat a été acquitté, ce dimanche 07 janvier, par le tribunal de Vgayet, en Kabylie, dans l’affaire liée à son opposition pacifique au projet controversé d’exploitation de la mine de plomb et de zinc Tala Hamza-Amizour. En plus d’un collectif d’avocats engagés, ses proches et des militants politiques et écologiques se sont mobilisés pour le soutenir dans un contexte marqué par la répression.

Poursuivi pour ‘’atteinte à l’unité nationale‘’ en raison de ses prises de position courageuses et publiques contre le projet controversé de la mine de plomb-zinc Tala Hamza-Amizour que le régime algérien a décidé d’exploiter malgré les mises en garde des experts, le professeur en microbiologie Kamel Aissat a été finalement relaxé. Cet acquittement sonne comme une victoire de la science, eu égard à son argumentaire scientifique qu’il a mis en avant pour s’opposer à l’exploitation de ce gisement, sis sur les territoires des communes Tala Hamza et Amizour, situées à la périphérie de la ville de Vgayet.

Kamel Aissat, natif de la région, a remis en cause, en sa qualité d’expert-universitaire, l’étude d’impact de ce projet, qu’il a jugé « très légère ». Cette relaxe représente aussi une victoire de la mobilisation citoyenne sur la répression, car son affaire avait suscité un élan de solidarité de la part de citoyens et militants politiques et d’activistes écologiques, en Kabylie et à l’étranger. Pour rappel, le procès de cet universitaire s’est déroulé, le 24 décembre, au tribunal de Vgayet. Malgré le climat de répression et de terreur instauré par le régime algérien en Kabylie, une foule nombreuse de personnes s’est déplacée au tribunal pour lui apporter son soutien face au harcèlement judiciaire dont il est victime à cause de ses convictions politiques et écologiques.

Le parquet avait requis 03 ans de prison ferme à l’encontre Kamel Aissat, ancien syndicaliste et responsable au Parti Socialiste des Travailleurs. Il a été accusé de « diffusion de publications de nature à porter atteinte à la sécurité nationale et à nuire à l’intérêt national » sur la base de l’article 196 bis du code pénal algérien.

Rappel des faits

Mercredi 12 juillet, le professeur Kamel Aissat a été empêché de voyager à partir de l’aéroport Soummam – Abane Ramdane. Il a été ensuite convoqué par la brigade de gendarmerie de Naceria, au centre-ville de Vgayet, où il a appris qu’il était frappé d’une ISTN (Interdiction de sortie du territoire national). Une semaine après, soit le 17 juillet, il a été auditionné par le parquet et le juge d’instruction près le tribunal d’Amizour. Il a été interrogé sur ses prises de positions contre le projet minier Tala Hamza – Amizour, dont plusieurs experts indépendants, parmi lesquels figure le climatologue et expert onusien Sidi Menad Si Ahmed, ont mis en garde sur les conséquences désastreuses de ce projet sur l’écosystème et la santé publique.

Au terme de son audition, il a été placé sous contrôle judiciaire et son passeport lui a été confisqué. Ainsi, il s’est vu interdire d’exercer ses activités scientifiques à l’internationale. En effet, en plus d’enseigner à l’université, il est également sollicité à l’étranger pour participer à des colloques et séminaires. Depuis sa dénonciation de la violation par l’Etat algérien de la convention Ramsar sur les zones protégées, que l’Algérie a pourtant ratifiée en 1984, le professeur Kamel Aissat subit des intimidations et un harcèlement judiciaire. La vallée de la Soummam a été classée en 2009 zone humide. Elle renferme une nappe phréatique d’importance internationale.

Ce microbiologiste n’a pas cessé d’alerter sur le fait qu’une exploitation du gisement Tala Hamza – Amizour contaminerai la nappe phréatique de la Soummam par des métaux lourds et entraînerai ainsi des dégâts irréversibles sur la santé publique et l’agriculture de la région.

Arezki Massi

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