Tamazight : la ministre de l’Education rassure et se contredit

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2012
Benghebrit
Benghebrit

ALGERIE (Tamurt) – La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, continue de souffler le chaud et le froid. Elle a ainsi fini par réagir aux derniers mouvements de protestation observés par les lycées et collégiens de Kabylie qui ont boycotté les cours d’arabe pour dénoncer, entre autres le fait que l’enseignement de la langue amazighe ne soit pas obligatoire en dépit du fait que dans la constitution algérienne, tamazight est langue nationale et officielle depuis 2016.

Ainsi, et comme il fallait s’y attendre, la sortie de Nouria Benghebrit est empreinte de populisme et ne sa base aucunement sur des faits réels et palpables. Nouria Benghebrit a ainsi profité de cette occasion, et avec plus de trois semaines de silence et de retard, pour appeler les élèves grévistes de la Kabylie « à ne pas avoir recours à l’instrumentalisation de l’école et à ne pas sur politiser la question des langues ». Une pratique qui est pourtant l’apanage du système politique algérien qui ne fait que ça depuis l’indépendance. Tout en éludant le sérieux problème du système optionnel de l’enseignement de tamazight, Nouria Benghebrit, affirme, sans avancer de preuves, que son ministère « s’attèle à faire de Tamazight une langue à part entière du paysage éducatif national et des efforts importants et continus ont été consentis pour la promotion de l’enseignement de Tamazight ». Bien sûr, de tels propos seront vite contredits par tous les enseignants de tamazight ainsi que par les élèves qui savent que la réalité est vraiment tout autre. Et d’ajouter : « La ministre de l’Education nationale rassure toute la communauté éducative que le socle législatif de la langue amazighe est assuré aujourd’hui au niveau le plus élevé de nos textes : la Constitution algérienne ». Nouria Benghebrit ajoute : « La constitutionnalisation, par la président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de Tamazight en tant que langue nationale et officielle est un acquis national ». Benghebrit rappelle en outre que, depuis 2014, l’enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas à 43 wilayas aujourd’hui.

Mais ce que la même ministre de dit pas sciemment, c’est le fait qu’en dehors de la Kabylie, dans toutes les autres régions, il s’agit d’une, une seule, classe de tamazight par wilaya ! Tout en évacuant aussi la question de l’académie de tamazight qui ne voit toujours pas le jour, Nouria Benghebrit se réjouit, toutefois, que la révision de la Constitution, en 2016, « est venue pour conforter, davantage, la volonté politique visant le renforcement de la place de Tamazight ». Un renforcement qu’on ne voit que dans les discours. Nullement ailleurs. La preuve, le communiqué de Benghebrit est rédigé dans les deux langues : arabe et française et guère en tamazight, ne serait-ce que pour donner, au moins, l’exemple.

Tarik Haddouche

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