KABYLIE (Tamurt) – Depuis que la langue tamazight a été décrétée langue « officielle » (désormais, le mot officielle devrait être placé entre des guillemets) dans la constitution algérienne en 2016, les mesures pouvant démontrer que ce choix de réhabiliter l’amazighité en Algérie est vraiment réelle n’existent pas. Dans plusieurs de nos précédentes éditions, nous avons déjà fait état de plus d’un exemple de cette absence de prolongement concret du statut fictif de langue officielle accordé conjoncturellement à Tamazight.
Un autre exemple, et non des moindres, c’est celui des noms des villages et villes algériennes et même ceux de la Kabylie, arabisés au lendemain de l’indépendance dans le sillage de la falsification de l’histoire. Rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou, il existe une infinité d’exemples de nom de villes et villages kabyles d’origine amazighe actuellement arabisés et qui le demeure en dépit d’un statut chimérique d’officialité accordé à Tamazight sous la contrainte. On peut par exemple citer le nom de l’une des plus grandes villes de Kabylie, à savoir Ain El Hammam mais aussi plusieurs autres cas comme Drâa El Mizan, Drâa Ben Khedda, Béni Yeni, Béni Douala et la liste est encore langue.
Dans tous les documents officiels, on n’écrit toujours pas Ath Douala mais toujours Béni Douala ; on n’écrit pas Ath Aissi mais Béni Aissi, on n’écrit pas Ath Yanni mais Béni Yanni, etc. Si vraiment la décision consistant à accorder le statut de langue officielle à la langue Tamazight, prise en 2016, n’était pas juste de l’encre sur du papier et de la poudre aux yeux, une telle décision n’aurait-elle pas été suivie immédiatement et naturellement par la réparation de cette injustice historique qui consiste à effacer même les noms des villes et villages à connotation kabyle et amazighe et de les remplacer par des noms à connotation arabe ? Ceci ne concerne pas seulement la Kabylie mais toutes les régions d’Algérie où les noms des villes et villages rappellent aux vrais contrebandiers de l’Histoire que l’Algérie n’est pas arabe mais berbère.
Tahar Khellaf