La rue appartient désormais aux indépendantistes : Le FFS et le RCD se conjuguent au passé en Kabylie

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KABYLIE (Tamurt) – La configuration politique a désormais complètement changé en Kabylie depuis la montée en flèche, et de manière fulgurante et impressionnante,  du courant indépendantiste. En effet, ce ne sont plus les partis du FFS et du RCD qui occupent la rue pendant les journées à fortes charges symboliques mais ce sont plutôt les mouvements indépendantistes comme nous avons eu à le vérifier et à le confirmer encore une fois en ce 20 avril 2018. Pourtant, tout a été mis en branle depuis plusieurs jours afin de barrer la route aux kabyles qui se battent pour leur indépendance pacifiquement.

La police a été lancée aux trousses des militants indépendantistes. Même l’affichage a été interdit et ceux qui ont osé défier la peur ont été tout simplement arrêtés par la police. Aussi, il ne faut pas oublier que depuis quelques jours aussi, les relais du pouvoir, déguisés en opposants de service, sont sortis de leur silence et n’ont pas hésité à prendre pour cibles les mouvements indépendantistes. Les médias également ont fait l’impasse totale sur les actions initiées par les mouvements indépendantistes à la veille de ce 20 avril, à quelques exceptions près, bien entendu.

Il faut ajouter à tout cela le fait que les médias électroniques proches de la mouvance indépendantistes sont inaccessibles en Algérie. Dans un tel climat hostile, voire de peur pour ne pas dire de terreur, les marches initiées par les mouvements indépendantistes ont été une réussite absolue et incontestable. La percée des indépendantistes ont même fait peur aux partis qui avaient, il y a quelques années l’apanage de la mobilisation populaire en Kabylie, à savoir : le FFS te le RCD.

Ces derniers n’ont d’ailleurs même pas osé s’impliquer dans la célébration du 20 avril de cette année car sachant qu’ils ne pourraient même pas mobiliser une poignée de personnes, les expériences des années précédentes leur ayant sans doute servi de leçon. Désormais, la Kabylie a changé de couleur politique. L’Histoire avance, les peuple évolue. Il n’ y a que les imbéciles qui se cramponnent, quoi qu’il en soit, à des idées et à des convictions surannées car ils n’arrivent pas à se détacher d’un passé qu’ils croient éternel au moment où le monde entier évolue à la vitesse de la lumière.

Tahar Khellaf  

4 Commentaires

  1. Azul,
    Il est vrai que la présence du RCD et du FFS aux marches du 20 Avril se conjugue au passé, mais le terrain n’est pas uniquement occupé par les indépendantistes, mais aussi par les autonomistes, les non-séparatistes et les personnes venant uniquement pour la valeur des dates symboliques que représentent le 20 avril et Yennayer. Il n’y a
    qu’à voir la présence importante à la manifestation du 1er mai ou celle contre le blocage des projets du groupe Cevital.

    Encore une fois, si les indépendantistes ou les autonomistes veulent mesurer et évaluer l’adhésion des Kabyles à leurs mouvances, qu’ils lancent des appels à la marche à des dates non symboliques !

  2. Sonia,
    Azul,

    Un grand merci pour votre intervention magistrale, comme à l’accoutumée….

    Et comme vous le dites, en dehors des dates à fortes charges symboliques et commémoratives, il est difficile de mobiliser la population, laquelle manifeste une défiance et une méfiance à l’égard de la  » classe politique  » – ni autonome, ni indépendante, ni libre, sans marges de manœuvres – accusée d’être  » attirée irrésistiblement par la mangeoire « , le participationnisme et la course au pouvoir, il est difficile aussi de mesurer le  » champ d’audience réel  » des diverses mouvances du champ politique national et régional. A présent nous n’avons aucune enquête journalistique fiable, ni études universitaires concluantes (mémoires, thèses) …. L’échiquier politique est caractérisé par un éparpillement et une dispersion incomparable (?) dans le monde, une centaine de partis, micro-partis, groupuscules, la division totale, avec une tendance vers  » l’extrémisation « , d’où l’impossibilité de trouver les  » lignes médianes, la voie de la raison  » nécessaires à la conclusion de  » compromis et ententes  » qu’exige une éventuelle  » sortie de crise  » ….. pour reprendre le fil d’une véritable transition vers la Démocratie réelle et l’Etat de droit ….

    S’agissant des souverainistes, on avance vers un  » créneau encombré « , encombré c’est le terme utilisé par les politistes en France à propos de la tendance extrême droitiste après la cuisante défaite de Marine aux Présidentielles de 2017, et la scission qui a vu le jour avec le départ de Philippot…. Plus on crée-et-on-recrée, on fait-défait-et-refait, la fragmentation et le fractionnement s’agrandissent…..

    Pour la mobilisation autour de Cévital, c’est autre chose, car l’affaire s’inscrit dans le cadre des luttes des clans au sein de la Junte militaire, Rebrab étant un  » DRS boy « , sponsorisé et propulsé par un groupe de Généraux de ladite Police occulte (qui tient plusieurs secteurs de l’économie), dont Mediène (  » évincé  » en 2013)….

    Et puis, et puis rien n’est définitif, un parti peut faire une montée fulgurante, puis chuter après, on le voit en Europe aussi ….. Tout dépend des circonstances, des contextes, des situations, etc..

    Ce m’est agréable de reprendre l’échange d’idées avec vous, la chevronnée, l’érudite, moderniste, progressiste. Et je n’oublie surtout pas de vous adresser, avec un élan fraternel, mes salutations les meilleures.

    • Le 20 Avril on a pas entendu ni les autonomistes ,ni autre organisation ,ni la société civile appeler à la marche sauf les indépendantistes ,alors cessez de travestir la réalité.

  3. Leurs plateformes, programmes et projets politiques inconnus à ce jour …

    Azul a SONIA,

    Oui effectivement, il y a ces dates symboliques, commémoratives, très sensibles, « communes », rassembleuses, hyper mobilisatrices. Il y aussi des carences non comblées à présent : les textes fondamentaux ( indiqués ci-haut) que doit rendre public tout parti politique. Textes qui doivent être versés au débat, et soumis aux analystes et experts, économistes, politologues, juristes, journalistes…. Ici même en France, ainsi qu’au Canada, il y a des universitaires kabyles qui pourront procéder à l’examen critique de leurs productions discursives et communicationnelles, leurs programmes et plateformes politiques, économiques, culturels ….. Comme El Mouhoub Mouloud (économiste, Univ. Dauphine), Sabrina Issehnène (économiste), Nourredine Abdi ( économiste), Madjid Benchik (universitaire et juriste), Ahmed Dahmani (économiste), Omar Aktouf, Mourad Ouchachi, Rachid Yefsah (politiste), Ali Chiban (journaliste et écrivain), Amar Inegrachène (éditeur et journaliste), etc., etc.. Les dits partis doivent faire preuve de « courage politique » en demandant leurs avis à ces érudits.

    De plus, les textes déjà connus de ces mouvements souverainistes manquent crucialement de cohérence, de cohésion, d’analyses plausibles, sans parler de leurs indigences rédactionnelles frappantes …..

    Fraternellement.

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