Assassinée il y a 28 ans par des islamistes à Tizi Wezzu : Nabila Djahnine ou l’héroïne kabyle

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Nabila Djahnine
Nabila Djahnine

EVOCATION (TAMURT) – Cela fait 28 ans que Nabila Djahnine, militante kabyle de la démocratie, connue notamment pour sa lutte contre le code rétrograde de la famille algérien, a été assassinée le 15 février 1995 par des terroristes islamistes à Tizi Wezzu. Le combat de cette militante féministe est poursuivi par d’autres femmes kabyles, qui refusent d’abdiquer devant l’idéologie mortifère arabo-islamiste.

Elle n’avait que 30 ans quand des obscurantistes islamistes, les ennemis de la vie comme les appelait Matoub Lounes, ont assassiné la militante kabyle Nabila Djahnine. Née en 1965 à Vgayet, elle quitte sa ville natale après avoir décroché son bac pour suivre des études d’architecture à l’université de Tizi Wezzu. Elle était activement engagée dans le combat politique au sein du mouvement culturel berbère (MCB) pour la reconnaissance de la langue et de la culture berbères. Elle a surtout milité au sein du Parti socialiste des travailleurs (PST).

En 1990, elle crée avec d’autres militantes kabyles l’association Tiɣri n Tmeṭṭut (Cri de la femme), dont elle était présidente avant son lâche assassinat par un groupe d’islamiste, le 15 février 1995 à Tizi Wezzu. Elle a notamment lutté pour l’abrogation du code de la famille ou plutôt de l’infâmie, voté en 1984 par le parlement algérien et qui est toujours en vigueur. Ce texte législatif fait des femmes des mineures à vie. Le combat de Nabila Djahnine contre l’obscurantisme doit continuer, tant la Kabylie n’est pas totalement à l’abri de l’idéologie islamiste.

En 2006, soit 11 ans après son assassinat, sa sœur Habiba Djahnine, auteure et réalisatrice, lui a consacré un documentaire intitulé ‘’Lettre à ma sœur’’. Cette œuvre retrace le parcours de Nabila et évoque l’influence qu’elle a eu sur les personnes qu’elle a pu rencontrer. Aude Gogny-Goubert, comédienne, auteure et metteur en scène française lui a également consacré un portrait dans son livre V comme Virago. Cet ouvrage publié en 2020 renferme un recueil de 70 portraits de femmes exceptionnelles, qui ont marqué l’Histoire.

Lyes B.

1 COMMENTAIRE

  1. Elle a immortalisé la continuité entre Dyhia et la lutte contre le colonialisme hillalien et l’oppression subtile d’un régime qui promeut l’islamisme contre les laics Kabyles.
    Le régime a aidé cette rupture nécessaire. Quand boumediene et benbella assassinèrent 400 membres du FFS en 63, les oulèmas islamiques le soutenaient. Le choix était entre Oumma arabe/islamique et nation terre et peuple.
    La Kabylie depuis a compris que le jeu de la carotte et le bâton du régime ne pouvait fonctionner, elle aboutit à renforcer le pouvoir discrétionnaire du système. En effet, «  »l’officialisation instrumentalisée de thamazight » a laissé place à l’arabisation tout court, même le « stade de tizi est arabisé et la jsk mise sur les genoux.
    Le message d’hier rejoint celui d’aujourd’hui, une adhésion aux valeurs conquérantes signe la mort d’un conquis, par contre la domination par la force est le levier d’émancipation.

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