Entretien avec Masiva at Vuzid, présidente de l’association des femmes kabyles de Montréal

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Tamurt : Masiva At Vuzid, Merci d’avoir accepté de nous accorder cette entrevue. Nous sommes heureux d’avoir parmi nous une grande militante kabyle dont nous suivons le travail avec beaucoup d’intérêt. Vous avez organisé samedi, le 7 juillet 2018, une activité particulière à Montréal au nom l’Association des femmes kabyles de  Montréal. En quoi consiste-elle?

Les femmes sont parties à la rencontre des hommes kabyles au Café Tikjda. Ce café est connu pour être un café plus pour hommes. Une rencontre très chaleureuse et fraternelle a eu lieu.   Les femmes de l’association ont exposées les difficultés identitaires et le statut de la femme kabyle, minorisé à cause d’une certaine  mentalité qui vise justement à éradiquer notre identité. Elles ont suscité la solidarité de leurs frères, avant de laisser place aux femmes afin de poursuivre leur raisonnement qui suit au pas celui de nos grand-mères et de toutes les générations précédentes et qui constitues le pilier de la société kabyle. Aujourd’hui, une certaine idéologie cherche à dégrader la femme pour la cantonner dans le statut au service d’une religion, la destituant de son rôle de bâtisseuse.

Elles ont appelé à faire place à la femme kabyle dans Tajmaɛt et autour de la Kabylie de Fadma At Mansour, chef d’état major déjà en 1857.

« Si on veut tuer un peuple il suffit de tuer ces femmes » et depuis des siècles nos femmes se battent pour garder leur descendance millénaire. Aujourd’hui, la femme kabyle partie à la rencontre de ses frères, rêve du retour au rationnel propre à la société kabyle qui a de tout temps respecté les femmes. La nostalgie de ce temps où les femmes sortaient en robe kabyle, chevelure libre et visage radieux de fierté et de douceur. Un temps ou la femme se déambulait  au milieu des siens tel un trésor dont tout le monde était fière. La femme kabyle, de son côte a toujours aimé ses frères et les as toujours gâtés par de petits gestes simples et des sourires doux et accueillants.

Écarter la femme de la participation à bâtir la société est un comportement colonial. Quand la femme et son identité deviennent un enjeu politique c’est souvent un rapport de domination qui s’installe.

Nous avons aussi informé des autres activités  et projets auxquels la femme a fait appel toujours dans le cadre de la transmission des valeurs ancestrales et de  cette position de pilier de la société.

Ass n tagmatt taqvaylit : La journée de la fraternité kabyle sera célébrée cette année le 8 septembre. Nous communiquerons les détails de cette journée ultérieurement. Cette journée est une initiative féminine.

À la deuxième édition d’Ass n Tagmatt taqvaylit, il y a eu des discussions qui ont mené à la création d’un Organisme communautaire nommé La Maison Kabyle au Québec qui a été présenté  le 7 octobre 2017. L’objectif principal de ce dernier et l’achat d’une bâtisse pour permettre à nos citoyens ici de tisser les liens de fraternité  selon les principes de la structure et valeurs villageoise kabyles. Elle offrira :

  • – un service d’aide aux devoirs pour nos enfants et d’éviter le décrochage scolaire
  • – Un lieu de répit pour les femmes avec des enfants de bas âges
  • – le support aux nouveaux arrivants sur tous les plans
  • – le mentorat professionnel pour les jeunes kabyles dont le but de réussir professionnelle
  • – L’enseignement du kabyle gratuitement pour toutes les catégories d’âges et permettre surtout à nos aînés la transmission de leur savoir et expérience
  • – Un village ou nos parents ne seront pas dépaysées lors de leur visites, un lieu de rencontre pour tous les Kabyles et offrirai la chance aux célibataires de trouver l’âme sœur.

La Maison Kabyle au Québec souhaite la création de L3erc n leqvayel n Muntriyal pour recrée les dynamiques inter-villageoises et cette dernière sera une structure indépendante du CA de la Maison Kabyle. L3erc offrira ainsi la contribution des associations villageoises à la transmission de la structure ancestrale kabyle et la CA de la Maison Kabyle s’occupera de ce qui concerne la gestion de l’organisme.

Nous avons eu l’immense plaisir et privilège d’avoir parmi nous Yemma Aldjia qui nous avait rappelé  leɛnaya n tyemmatt taqvaylit et qui a réchauffé nos cœurs nous rappelons ainsi l’amour infini de nos mères et de nos femme. Elle nous a raconté les misères auxquelles ont été confrontées nos ainées durant la guerre contre l’Allemagne et celle qu’ils ont vécues durant la guère contre le colonialisme français e ce qui s’en ai suivit après une guère de libération qui a donné naissance a notre prison identitaire reliée a la crise berbériste dans laquelle le statut de nos mères, qui restarta la plus grande violence envers la femme kabyle celle ou ces propres enfants ont décidé de la trahir et de la renier pour une autre mère qui n’est pas la leur. Et aujourd’hui le combat indépendantiste et celui qui reprends le flambeau pour reconnaitre la seule et unique mère, celle qui est notre patrie – la mère kabyle.                                      

Quelle sera la place de l’homme dans ce combat honorable et essentiel et peut-on parler d’un mouvement féministe?

 La Kabylie selon notre héritage ancestrale n’a pas besoin d’un mouvement féministe car elle offrait déjà une place très importante à la femme et c’est pour cela que nous faisons appel au retour de cette Kabylie avant la perte de son indépendance et qui a assuré la paix sociale de ses citoyens. Fadma n Soumer était chef d’état major en 1857 alors que la majorité des combattants étaient des hommes. Hillary Clinton avait perdu la présidentielle en raison de son statut de femme que ses compatriotes refusent d’accepter comme présidente dans un pays renommé empire mondial dans plusieurs domaine hormis l’égalité entre les femmes et les hommes en réalité et en vérité et Ségolène Royal n’était pas loin de cette situation tragicomique face aux français qui tournaient en dérision une femme présidente de la République française…et a Montréal la première mairesse de son histoire a été élue en 2017.

La femme avait le3naya – le droit d’accorder l’asile ou sa protection- . Dans la société kabyle si une femme venait pour arrêter un conflit les hommes arrêtaient  immédiatement  et automatiquement, rappelons aussi que si une femme venait a l’assemblée du village Tajma3t et qu’elle proposait son idée aux hommes présents c’était son idée qui mettais fins au débat autour de la question. La femme Kabyle garde son nom de jeunes filles tout au long de sa vie alors que dans les pays les plus développés ce statut ne leur était pas accordé à l’époque. Les plus grands pays ont atteint ce niveau il a près d’une cinquantaine d’années, tout comme le droit de vote.

J’ai expliqué aussi a nos hommes que l’association des femmes kabyles était ouverte et souhaite l’adhésion des hommes car son objectif et de briser ces barrières idéologiques coloniales qui ont séparées les femmes des hommes et que au contraire, il serait important de se réapproprier cette grande fraternité que nous avons vécus dans nos villages. Nous allons ensemble débattre des enjeux de notre société et trouver des solutions diverses. La femme a besoin d’avoir l’homme a ces cotés tout comme l’homme a besoin d’avoir la femme à ses cotés. Les bijoux kabyles aussi sont un rappel du statut de reine. Quand elle porte Taziba sur sa tête, elle prend toute sa place de lsas n wexxam n taddart. La Kabylie est l’une des sociétés les plus romanesques aux mondes. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les chants d’amour à l’honneur de la  femme.

Si vous siégiez aujourd’hui dans di Tejma3t, quelle serait la première action que vous feriez pour soutenir les femmes?

La première action que je ferais serait d’enlever ces mariages à saveurs étrangères ou nos femmes s’adonnent à des défilés de modes couteux et inutiles. Elle empêche le mariage nuit à a cause des coûts faramineux qui ne peuvent pas être assumés. Cette tenue d’ailleurs n’est pas la par hasard. Elle a été importée toute comme le reste de ces idéologies implantées en Kabylie dans le but de diminuer le taux de natalité et surtout de descendance kabyle. Aujourd’hui les villages Kabyles doivent bannir cette importation culturelle destinée à causer notre disparition.

Au lieu d’investir des millions de dinars dans le vide, les parent pourraient laisser une petite parcelle de terrain dans la maison familiale et construire ne serait-ce que deux chambres toutes simples pour que les couples mariés puissent jouir d’une certaine autonomie et intimité. Sans de plus elle va limiter certaines activités économiques reliées au non-mariage et dont les retombées  ne vont pas à l’économie de   la Kabylie mais a ceux qui les importent de la manière que ces défilés de mode  se fassent dans un autre mode que celui de la Kabylie.

Tamurt : Si vous aviez un moment précis du combat kabyle et que vous aimeriez prendre place dans la société actuelle lequel serait-il?

Cette année, nous avons marqué la commémoration de 20 avril et du 14 juin pour la marche pour l’indépendance de la Kabylie qui a eu lieu le 21 avril. Tout d’abord j’aimerais féliciter le grand militant indépendantiste Hafid Saadi qui est l’organisateur de ce grand événement. Je suis tellement fière d’avoir participe a ses cotée et aux cotés de tous ces jeunes militants qui prouvent que le combat pour la Kabylie a de la relève. Hafid un chef avec toute les qualités de l’Ameqran selon les valeurs ancestrales kabyles derrière qui une foulée incroyable de kabyles se sont ralliées pour se commémorée tafsut taqvaylit.

Notre marche ici à Montréal a été maquée par la présence incroyable de femmes – prés de la moitié de la marche sans compter les jeunes. C’était incroyable de voir les hommes, les femmes et les jeunes mains dans la main, côte à côte dans les couleurs de la Kabylie.

Les femmes ont proposée de faire ce geste transmis de génération en génération qui est Tighratin (les youyous) en l’honneur des victimes du printemps noir. Les femmes de Montréal en donnent ainsi le statut de Martyr à tous ceux qui sont tombés et qui ont avec le sang des martyrs nous donnent une nouvelle  perspective politique   à notre combat identitaire orienté vers l’indépendance de la Kabylie.  La marche s’est transformée grâce aux femmes en une  marche de fraternité et d’un enthousiasme  incroyable.

Je souhaiterais que la femme soit autant présente partout en Kabylie et a l’étranger pour se tenir à côte de l’homme pour poursuivre ensemble main dans la main dans le respect et dans la fraternité  pas seulement le combat mais la renaissance de la Kabylie indépendante.

Tamurt : Masiva At Vuzid, votre mot de la fin :

J’aimerais remercier tous les hommes et femmes kabyles qui contribuent a chaque jour à transmettre notre identité  ne serait-ce que dans le fait de porter une robe kabyle conformément a nos traditions avec cette belle chevelure et au visage rayonnant de fierté et la gentillesse de nos hommes envers leurs sœurs.

J’aimerais adresser mes plus sincères remerciements a nos pères et nos frères qui ont 2001 en fait rallié toute la Kabylie derrière eux pour donner naissance la plus grande marche de l’humanité en faisant  descendre le deux  tiers de  notre peuple kabyle dans cette marche historique  du 14 juin 2001,  qui a été malheureusement réprimée dans le sang par l’Algérie officielle et cautionnée par l’Algérie populaire par son silence coupable plus solidaire avec les autres et plus réfractaires envers nous les Kabyles.

Cette marche historique dont seule certaines vaillante nation, comme la notre ont eu les honneurs de réaliser en dépit des blessures meurtrières  dont nous portons encore et porterons toujours les souvenirs de cette sauvage répression contre nous le peuple kabyle pacifique, démocrate et laïque face aux partisans de la sauvagerie de tout acabit kabylophobes.

L’association des femmes kabyles de Montréal est prête à contribuer et ouvre les portes aux femmes et hommes pour pouvoir bâtir cote à cote. Nos frères que nous avons rencontré au café de Tikjda ont été émus et heureux de voir que les femmes kabyles sollicitent leur présence et leur aide pour bâtir ensemble.  Depuis  le Printemps noir 2001 les femmes et les hommes vivent chacun de son cotes le terrible deuil et nous devons maintenant pratiquer  la joie dans un  vivre ensemble.

Je remercie Moumouh le propriétaire du café du Tikjda qui nous a ouvert les portes de son établissement ainsi que tous les hommes présents la bas qui nous ont accueilli très chaleureusement.
Je remercie tous ceux qui ont participe à cette activité et tout particulière Emma Aldjia qui nous a réconfortés de sa présence et de sa voix.

Nous  avons tenus en signe d’appréciation de cette belle activité hier le 21 juillet un pique-nique à côté du parc du café Tikjda.  L’Événement est une vraie réussite. Les participants ont appréciés cette petite activité tenue dans la simplicité, le rire et le naturelle où nos chers frères iten ihrez rebbi ont profités pour faire du taquinage fraternel à leur sœurs, ce qui était vraiment apprécié.

La présence n tyematin qui nous ont apaisés par leur récit de poésie et da3wat n lxri.

Détournement de l’événement :

Hier durant notre pique-nique, un membre du Conseil d’administration de l’organisme communautaire Congres des Kabyles du Canada (CKC)  que nous avons accueilli fraternellement, et pendant que la présidente organisatrice faisait la promotion de l’association des femmes Kabyles de Montréal et ses objectifs dont le besoin du soutiens des hommes dans sa position de bâtisseuse de la Kabylie, ce dernier a pris du temps de l’activité pour faire la promotion du CKC, ce qui une reprise d’événement qu’on dénonce.

L’association des femmes kabyles de Montréal, se dissocie complètement de cet organisme. L’information erronée diffusée par ce dernier annonçant  l’union de tout le mouvement associatif sous sa direction, alors que ce n’est pas le cas, crée une grande confusion et une reprise indirecte. Et suite à cette réappropriation d’hier,  elle invite courtoisement tout membre du CA de cet organisme à ne pas se présenter à ses activités. Le CKC à le droit de faire sa promotion mais il le fera en organisant ses propres activités et non pas en détournant celles des autres.

Tannemirt tamqrant
I tudart n tegmatt taqvaylit
I tudart n tmurt n leqvayel

Masiva at Vuzid, présidente de l’association des femmes kabyles de Montréal.

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