Le gouvernement français doit introduire l'enseignement de la langue et de la culture berbère/amazigh en école primaire

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DIASPORA (Tamurt) – Dans le cadre des réformes éducatives, la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem a jeté un pavé dans la mare, en déclarant qu’elle allait instaurer l’enseignement de l’arabe dès le Cours Préparatoire à compter de la prochaine rentrée scolaire : « Dès qu’on aura les moyens humains pour le faire, soit nous avons des professeurs d’école capables de le faire, soit nous n’en avons pas, auquel cas nous faisons appel à des intervenants étrangers » a-t-elle ajouté. 

De facto, cette annonce a provoqué une polémique au sein de l’Assemblée nationale française, notamment la députée LR du Doubs qui a dénoncé « les dérives des Elco « Enseignement des langues et cultures d’origine » qu’elle qualifie de véritables outils de « catéchismes islamiques » Pareillement, les réseaux sociaux se sont enflammés, notamment en soulignant, que tamazight  deuxième langue en  France, est parlée par plus de deux millions de nord africains,  seulement 50 000 parlent l’arabe, pourquoi enseigner l’arabe à la place de leur langue maternelle ? Se sont-ils interrogés ? Dans une tribune publiée sur le site du Journal du dimanche, après un rappel sur «  l’égale dignité des langues étrangères dans la république » Madame Vallaud-Belkacem a dénoncé « une pensée identitaire qui prône l’exclusion et le repli sur soi » d’une violence inouïe  et des objectifs « profondément xénophobes »

Le comble de tout cela, comme dirait une célèbre maxime française «  Les cordonniers sont les plus mals chaussés », Madame Najat Vallaud Belkacem amazigh /berbère du Rif, participe régulièrement à la célébration à la Mairie de Lyon de l’un des symboles emblématiques de la culture amazighe  « Yennayer » , jour de l’an amazigh célébré partout en Afrique du Nord ou Tamazgha,  de plus, il est aussi avéré que Madame la ministre de l’éducation Nationale, parle parfaitement la langue tamazight. Cependant, on peut penser à sa décharge qu’elle ne fait qu’appliquer les décisions prises par le gouvernement français actuellement au pouvoir ami et soutien des dictatures religieuses des pays du Golfe

Cependant, les faits historiques sont têtus. Tant le Maroc que la Kabylie sont depuis le début de la colonisation française les pourvoyeurs de l’écrasante majorité de l’immigration d’origine amazighe nord africaine installée en familles en France depuis des décennies. L’ostracisme à l’égard des amazighs tant du pouvoir autoritaire et  raciste algérien que du pouvoir français frappé d’autisme est récurent : lorsque l’enseignement des Langues et cultures d’origine  a été initié en 1975, dans le cadre des négociations diplomatiques avec l’Algérie, il a eu pour objectif d’enseigner uniquement l’arabe pour permettre, disaient ils à l’époque, aux enfants des immigrés une réinsertion aisée dans leur pays d’origine, en accédant à la connaissance de leur langue et de leur culture. L’Elco a été  mis en œuvre, depuis l’accord franco-algérien de 1981, relatif à la coopération dans le domaine de l’enseignement à l’intention des élèves « algériens » en France. Jusqu’ici, l’arabe était enseigné en complément des programmes communs, par des professeurs envoyés et  rémunérés par le pays d’origine, l’Algérie.

Aujourd’hui Madame Vallaud-Belkacem  a pour projet de redonner un nouveau souffle  à l’enseignement de l’arabe par l’intégration des enseignants d’arabe dans le cursus de l’éducation national, ce qui aura pour effet d’amplifier l’arabisation des enfants kabyles,  rifains (…) ces derniers aussi dénoncent avec force ce processus d’arabisation  et de dépersonnalisation des enfants amazighs. Par ailleurs, il y a lieu de s’interroger : De quel registre linguistique s’agit-il ? De l’arabe littéral du moyen  orient inconnu en Afrique du Nord, donc l’enseignement d’une langue squelettique sans aucun soubassement culturel : contes, proverbes énigmes mythes (…) et de la culture religieuse rétrograde et discriminatoire  l’égard des femmes des pays du Moyen Orient ?  Madame Vallaud Belkacem a déclaré qu’elle était fière de promouvoir l’enseignement de l’arabe. En tant que kabyles, en tant qu’amazighs d’ Afrique du Nord nous sommes très  FIERS de notre langue et de notre  culture millénaires, léguées par nos ancêtres, Massinissa, Jugurtha , Dihya,  Aksil (…)   Nous tenons à promouvoir pour l’éternité notre littérature d’une richesse incomparable qui fait l’objet d’une production livresque faramineuse ; des études en linguistique,  tant sur le système de transcription que les ouvrages de grammaire de grande qualité, en application des descriptions et des théories de la linguistique moderne

C’est ainsi que l’écrivain et militant kabyle  Mouloud Mammeri  déplorait cette injustice  en ces termes «Longtemps, la culture berbère a été une culture sans voix », certainement en référence au temps de la marginalisation progressive de notre  culture, dans le pays d’origine, par un État- Nation autoritaire raciste et jacobin,  une situation qui trouve écho malheureusement dans un autre État-Nation  tout aussi jacobin ! Mais nous ne perdrons jamais espoir, le retournement de la situation est à la portée de nos mains, car aujourd’hui, grâce aux actions  du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, en pays kabyle, du Gouvernement Provisoire Kabyle en exil nous avons « une voix » qui porte haut et fort nos revendications dont la principale est celle de notre autodétermination pour un Etat kabyle qui aura sa place au sein des nations et qui nous permettra d’êtres considérés en tant que peuple doté d’un territoire d’une langue d’une culture à l’exemple d’autres pays comme la Turquie, la Chine pourvoyeurs d’une émigration récente et moins nombreuse mais dont l’enseignement des langues est reconnu  en France. Sachant qu’il est régulièrement démontré que notre prise de conscience et notre  lutte ne pourra  que  s’amplifier,  pour faire entendre notre voix  et obtenir gain de cause ici dans la diaspora, en faisant comprendre aux autorités françaises que cette décision d’acculturation des enfants kabyles, rifains …est suicidaire, car en substituant une identité culturelle authentique par une identité arabo islamique hégémonique qui a toujours distillé une haine féroce à l’égard de tout ce qui est amazigh, et même une haine et un mépris  à l’égard de la République française et de ses valeurs, risquent de récolter l’amertume et la violence ! Mais en agissant dans le cadre des moyens démocratiques, notamment par le bulletin de vote, les kabyles et autres amazighs ne se  laisseront pas faire !

Sakina Ait Ahmed  

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